
Dans les montagnes Rhodopes, au sud de la Bulgarie, une découverte archéologique captivante suscite l’intérêt des chercheurs. Près du village de Skobelevo, une roche gravée a été identifiée comme une carte stellaire préhistorique, potentiellement l’une des premières représentations du ciel nocturne jamais réalisées.
Une roche pas comme les autres
Selon Georgi Georgiev, l’un des experts à l’origine de cette trouvaille, cette pierre pourrait révolutionner notre compréhension des connaissances astronomiques et des croyances spirituelles des civilisations anciennes dans les Balkans.
Découverte le 20 mai 2013 lors d’une expédition menée par Georgi Georgiev et Ivelina Georgieva à proximité d’une ancienne nécropole thrace, la pierre mesure environ deux mètres sur trois. Elle repose dans une forêt dense, parfaitement alignée d’est en ouest, et contient une veine naturelle de marbre blanc qui semble symboliser la Voie lactée. Ce détail renforce l’idée que la roche ait été pensée comme une représentation céleste.
La surface de la roche comporte 56 cavités coniques, sculptées avec précision et de tailles variées. Ces trous semblent représenter des étoiles de différentes magnitudes, réparties entre 24 dans la partie nord et 32 dans la partie sud. Plusieurs constellations, telles que la Grande Ourse et le Lion, sont facilement identifiables, tandis que des alignements suggèrent également la présence de Cassiopée, du Cygne, de la Lyre et des Pléiades.
Prehistoric Star Map Carved in Stone Discovered in Bulgariahttps://t.co/CtQd2BpowX pic.twitter.com/XYUd8ao1bz
— Arkeonews (@ArkeoNews) July 14, 2025
Une datation encore incertaine, mais des indices solides
La datation exacte de cette carte stellaire reste un défi, faute de matériaux organiques ou d’artefacts datables trouvés sur le site. Cependant, les chercheurs estiment sa création entre la fin du Néolithique et le début de l’âge du fer, soit entre 2000 et 500 avant J.-C. Cette hypothèse repose sur la proximité des tumulus thraces et sur des comparaisons avec d’autres sanctuaires préhistoriques des Balkans.
L’absence d’éléments pour une datation directe n’empêche pas les experts de supposer que cette pierre aurait été utilisée pour observer et enregistrer les mouvements célestes, probablement à des fins rituelles ou agricoles.
Les gravures présentes sur la roche ne semblent en rien aléatoires. Au contraire, leur disposition indique une compréhension poussée du mouvement des étoiles, notamment celles visibles depuis l’hémisphère nord. Certains spécialistes avancent l’hypothèse que cette pierre aurait fonctionné comme une sorte de « calendrier céleste », permettant de suivre le passage des saisons à travers l’observation des constellations circumpolaires.
De plus, la présence de mica dans la pierre donne un effet scintillant sous la lumière du soleil, imitant le ciel étoilé. Ce détail artistique et symbolique renforce son rôle astronomique et spirituel.
Un site à la croisée de la science et des rituels
Les vestiges archéologiques environnants, incluant des nécropoles et des sanctuaires, indiquent que ce site aurait pu faire partie d’un complexe rituel plus vaste. La pierre pourrait avoir servi à la fois d’outil astronomique et de lieu sacré pour des cérémonies spirituelles. À proximité, une seconde pierre dotée d’une cavité cylindrique orientée vers l’est semble former un ensemble avec la roche principale, suggérant une utilisation complémentaire.
Malgré son importance historique et scientifique, le site n’est pas encore officiellement protégé. Georgiev et Georgieva plaident pour son inscription au registre national bulgare des monuments archéologiques. Grâce à des techniques d’étude non invasives, telles que la cartographie GPS, l’analyse géologique et l’observation des levers solaires, les premières recherches ont confirmé la valeur anthropologique et astronomique de cette pierre unique.
Des représentations similaires de configurations stellaires ont été retrouvées sur des objets datant des Ier et IIe siècles après J.-C., comme des pièces de monnaie et des bijoux. Des symboles tels que le croissant de lune et l’étoile, présents dans l’iconographie romaine, témoignent de la fascination intemporelle de l’humanité pour le cosmos. Cette continuité culturelle illustre l’influence durable des connaissances anciennes sur les expressions artistiques et spirituelles.
Par ailleurs, en 2022, une ancienne carte des étoiles a été retrouvée dans un manuscrit médiéval.