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Cet ancien « fast food » est la preuve que les Romains étaient friands de petits oiseaux

Cette découverte remet en question l'idée selon laquelle ces plats étaient réservés à l'élite

Oiseau Fast Food
— © Dion Art / Wikimedia Commons

Dans les vestiges d’une ancienne ville romaine située sur l’île de Majorque, des archéologues ont trouvé des indices sur les habitudes alimentaires d’autrefois. Dans une fosse à ordures située derrière un étal de nourriture, ils ont mis au jour des dizaines de petits os, principalement ceux de grives. Ces restes ne proviennent pas de festins luxueux, mais de repas rapides consommés par les habitants de Pollentia, une ville animée il y a 2 000 ans. Une nouvelle étude révèle ainsi que les grives frites, loin d’être un mets réservé à la noblesse, étaient un plat courant, vendu dans les rues et accessible à la population ordinaire.

Les grives frites

Alejandro Valenzuela, archéologue à l’Institut méditerranéen d’études avancées, a étudié les ossements retrouvés dans des latrines reliées à un comptoir alimentaire romain à Pollentia. Cette ville portuaire, fondée après la conquête des îles Baléares par les Romains en 123 avant J.-C., abritait ce qui semble être une petite entreprise de restauration. L’étude a été publiée dans International Journal of Osteoarchaeology.

L’analyse de la fosse d’aisance de quatre mètres de profondeur a permis de découvrir des fragments d’os d’animaux divers : mammifères, poissons et oiseaux. Parmi eux, les os de grives musiciennes (Turdus philomelos), des oiseaux migrateurs encore présents à Majorque aujourd’hui, étaient les plus nombreux. Au total, 165 os de grives ont été identifiés, la plupart provenant de parties non charnues, comme le crâne et le sternum. Cela indique que les parties les plus riches en viande avaient été consommées avant que les os ne soient jetés.

Les ossements révèlent une méthode spécifique de préparation. Le sternum, par exemple, était arraché avant ou pendant la cuisson, et l’absence de traces de brûlure ou de coupures suggère que les oiseaux étaient frits, et non rôtis ou cuits au four. Cette technique de cuisson rapide rappelle des traditions culinaires méditerranéennes encore pratiquées aujourd’hui, où de petits oiseaux sont aplatis et frits pour être savourés. Selon Valenzuela, leur goût pourrait se rapprocher de celui d’oiseaux sauvages comme la caille, plutôt que du poulet.

Une alimentation populaire et saisonnière

Les textes historiques, tels que ceux d’Apicius, célèbre gastronome romain, et du philosophe Plutarque, décrivent souvent les grives comme des mets raffinés, engraissés aux figues et servis lors de banquets somptueux. Cependant, les découvertes de Pollentia montrent que ces oiseaux étaient aussi consommés de manière plus modeste.

Cette découverte s’inscrit dans un ensemble croissant de recherches archéologiques qui mettent en lumière les pratiques alimentaires des classes populaires romaines, souvent ignorées au profit des récits centrés sur l’élite. Les analyses montrent que les grives étaient probablement capturées en hiver, lorsque les volées migratoires atteignaient les Baléares. Les chasseurs utilisaient des filets ou de la glu pour attraper ces oiseaux, qu’ils vendaient ensuite en grande quantité sur les marchés locaux.

Les riches Romains consommaient des grives élevées en captivité, disponibles toute l’année. En revanche, les grives sauvages, abondantes en hiver, étaient proposées à un prix plus accessible et servies dans des établissements comme les tabernae, où les passants pouvaient acheter des repas rapides.

Ruines de la ville romaine de Pollentia à Majorque
Ruines de la ville romaine de Pollentia à Majorque — © Olaf Tausch / Wikimedia Commons

Une taberna romaine à Pollentia

Les grives de Pollentia étaient vendues dans une taberna, un petit commerce de restauration. Ce lieu modeste, surnommé « Room Z » par les archéologues, a été fouillé dans les années 1990. Il comportait un comptoir avec six amphores encastrées et un drain destiné à évacuer les déchets vers une fosse septique. Ce type d’établissement, probablement un thermopolium (lieu où l’on vendait des plats chauds prêts à consommer), était courant dans l’Empire romain. 

À Pompéi, des thermopolia similaires servaient des ouvriers et des voyageurs pressés. À Pollentia, les grives accompagnaient d’autres plats rapides comme le lapin, le poulet, le poisson ou les fruits de mer. Bien que nous ne sachions pas comment ces oiseaux étaient servis, une chose est sûre : ils étaient accessibles à tous, et pas seulement à l’élite.

Même si les os de grives étaient nettement moins nombreux que ceux de porc, leur présence reste révélatrice d’une gastronomie urbaine vivante, saisonnière et créative. Les marchands ambulants savaient tirer parti des ressources disponibles pour proposer une alimentation savoureuse et abordable. Comme aujourd’hui, les Romains appréciaient une nourriture variée et adaptée à la vie urbaine.

Par ailleurs, des archéologues découvrent un ancien « snack-bar » à Pompéi.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: ZME Science

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