Vous en avez surement déjà entendu parler : d’ici 2050, des aliments comme le chocolat, l’avocat ou encore le saumon pourraient disparaître de nos assiettes ou devenir aussi chers que le caviar ! On vous explique ce qui va changer et pourquoi.
Café, chocolat, avocat, saumon ou encore vanille, ces aliments semblent être condamnés à disparaître dans les prochaines décennies. En cause, des facteurs très différents comme le réchauffement climatique ou les conditions de production. Mais ce sont surtout les méthodes de production qui sont pointées du doigt. Surproduction, surpêche ou monoculture, certains aliments semblent être victimes de leur succès et les industries concernées ne semblent pas prêtes à lever le pied… Découvrez quelques exemples d’aliments en voie de disparition et les alternatives pour le consommateur.
LA VANILLE, UN PRODUIT RARE ACCESSIBLE À TOUS
Si vous appréciez la glace à la vanille ou si vous ajoutez un peu de sucre vanillé dans votre dessert préféré, savourez-les bien puisque cela sera de plus en plus difficile dans les prochaines années. En effet, le prix de la vanille explose dernièrement avec une augmentation de la valeur de la matière première qui a grimpé de 100 $ le kilogramme en 2015 à 500 $ cette année.
En cause, la crise économique qui ralentit Madagascar, ce pays particulièrement pauvre qui est le premier producteur mondial de vanille et plus récemment le cyclone Enawo qui a touché la région. La conséquence directe de ce désastre climatique a été la destruction d’une partie des plantations mais surtout le déplacement de près de 500 000 personnes qui vivaient sur les îles au large de l’Afrique.
LE PRIX DE LA VANILLE EXPLOSE AVEC UNE AUGMENTATION DE LA VALEUR DE LA MATIÈRE PREMIÈRE QUI A GRIMPÉ DE 100 $ LE KILOGRAMME EN 2015 À 500 $ CETTE ANNÉE
Les conséquences à long terme peuvent être catastrophiques. Cette crise était cependant prévisible puisque même si la vanille a intégré notre quotidien comme l’épice essentielle à la confection de desserts, ce produit est et restera toujours un produit de luxe. Non seulement l’entretien du vanillier est extrêmement difficile, mais, en plus, la reproduction de la plante se fait encore aujourd’hui à la main, fleur par fleur.
Dans les prochaines années, la vanille pourrait donc retrouver sa place de produit rare, difficile à produire, et donc plus coûteux. Ainsi, s’il sera plus rare de consommer cette épice, sa qualité n’en sera que meilleure.
LE SAUMON, LES FRUITS DE MER, VICTIMES DE LA POLLUTION ET DE LA SURPÊCHE
Si certains ont zappé l’habituelle profusion de saumon fumé au cours des dernières fêtes de fin d’année, c’est peut-être lié à l’explosion du prix de ce mets si particulier. Après une baisse de la consommation au début des années 2010, suite à la diffusion d’un reportage montrant la réalité de la production industrielle de saumon, les ventes sont reparties à la hausse ces dernières années. Cependant, les choses ont depuis bien changé.
LE PRIX DU SAUMON A EXPLOSÉ
La Norvège, qui dictait autrefois le marché du saumon européen, a pris des mesures drastiques pour limiter la production et permettre ainsi un équilibre environnemental. Cependant, la demande est réelle et quand l’offre n’est pas suffisante, l’augmentation du prix et les pénuries sont inévitables, et ce phénomène risque de prendre de l’ampleur dans les prochaines années.
Il en va de même pour les fruits de mer comme la coquille Saint-Jacques, ou encore les crevettes ou les moules. En effet, de nombreux scientifiques constatent aujourd’hui une augmentation de plus en plus importante du taux d’acidité des océans, ce qui est dû à la montée du niveau de CO2.
Ces perturbations causent des chamboulements majeurs des milieux sous-marins. Pour le homard par exemple, l’augmentation de la température le pousse à migrer plus au nord chaque année, arrivant dans des écosystèmes bien différents du sien. Si l’on ajoute à cela la surpêche ou la pollution des eaux à laquelle les moules ou les crevettes sont particulièrement sensibles, cela donne un résultat peu réjouissant pour nos assiettes dans les prochaines années.
Enfin, le réchauffement des eaux encourage le développement d’algues ou de maladies qui paralysent chaque année un peu plus la production de moules ou d’huîtres.
LE CACAO, OU QUAND LA SURCONSOMMATION SE MÊLE AUX CRISES ÉCONOMIQUES ET SANITAIRES
Ces aliments sont donc particulièrement sensibles à de très nombreux facteurs. Si l’on prend l’exemple du cacao, l’élément principal qui cause les fluctuations de prix est la limitation géographique de la production, et les difficultés pour la mettre en place. Encore aujourd’hui, le Ghana et la Côte d’Ivoire sont les deux premiers producteurs de cacao au monde.
Ils produisent à eux seuls 60 % de la production mondiale de cacao. Cependant, ces deux pays sont régulièrement touchés par des crises politiques, économiques ou sanitaires. Ainsi, l’épidémie d’Ebola qui a touché l’Afrique de l’Ouest en 2014 a particulièrement perturbé la région. En conséquence, le prix a augmenté. Ajoutons à cela le fait que le cacaoyer exige des conditions climatiques particulières, alors que ces régions sont de plus en plus touchées par le réchauffement climatique.
Avec la hausse massive de la consommation de chocolat dans les pays en voie de développement (+80 % en Inde et +75 % en Chine entre 2010 et 2011), cela rend les choses difficiles.
LES EXPERTS PRÉVOIENT UNE FORTE AUGMENTATION DU PRIX DU CHOCOLAT
Les experts prévoient donc dans les prochaines années une forte augmentation du prix du chocolat directement auprès du consommateur. Si les fluctuations ne sont que de quelques centimes pour l’instant, l’industrie du chocolat devra à un moment augmenter radicalement les prix pour maintenir ses revenus. La baisse inévitable de la consommation pourrait réduire plus encore le salaire des petits producteurs. Ces derniers se reconvertissent déjà dans des productions plus rentables et moins difficiles mais désastreuses pour l’environnement, comme le palmier à huile.
LA DISPARITION DE LA BANANE, QUAND L’HISTOIRE SE RÉPÈTE
Vous en avez peut-être déjà entendu parler, mais la banane va disparaître. En effet, un champignon ravageur détruit les plantations à travers le monde. Certains assurent même que le marché mondial de la banane ne s’en remettra pas.
Seulement, la réalité est assez différente. La banane la plus courante en Europe ou en Amérique du Nord est la banane Cavendish. Cette banane jaune clair, mesurant entre 15 et 17 centimètres, est la banane concernée par cette crise. Seulement voilà, cette banane est stérile, c’est un produit de l’agriculture industrielle, elle est assez peu résistante aux changements climatiques et aux maladies. Ainsi, la disparition prochaine de cette variété n’est pas un phénomène inédit… Replongeons-nous dans l’histoire.
Avant les années 60 et l’arrivée en masse de la Cavendish dans nos supermarchés, vos grands-parents se souviennent peut-être de la banane Gros Michel. Son succès dans les pays développés a fait d’elle l’un des premiers exemples de monoculture mondial. Des milliers d’hectares de forêts en Amérique du Sud ont ainsi été convertis en plantation de Gros Michel.
Cependant, un champignon destructeur s’est vite répandu dans toutes les plantations. Le prix de la banane a alors flambé et a disparu progressivement du marché européen ou américain avant que la Cavendish ne prenne le relais et commence son essor dans les années 80-90. Même si son goût était moindre, retrouver la banane dans son supermarché a motivé le public à en racheter.
C’EST AUSSI AU CONSOMMATEUR DE SE RENSEIGNER ET DE FAIRE DES CHOIX ALIMENTAIRES
Ainsi, comme tous les autres aliments à l’avenir incertain, un choix se présente aussi bien aux décideurs qu’aux consommateurs : continuer à ne consommer qu’une seule variété et ainsi encourager le traitement, notamment chimique de la banane Cavendish, ou découvrir les différentes variétés qui existent à travers le monde avec le risque de ne pas pouvoir apprécier sa banane pendant toute l’année…
Enfin, si les aliments disparaissent, ce n’est pas une fatalité puisqu’il revient aussi au consommateur de faire de vrais choix alimentaires. Si le prix du saumon augmente, c’est peut-être l’occasion de découvrir d’autres poissons, plus accessibles mais aussi moins victimes de la surpêche. De nombreux labels apparaissent également dans le but d’instaurer certaines règles environnementales d’abord, mais aussi sociales ou économiques en permettant aux petits producteurs de s’assurer de meilleurs revenus ou encore en luttant contre le travail des enfants.