Le fait est que les forêts jouent un rôle essentiel dans le maintien de la biodiversité, dans la purification de l’air et dans la régulation du climat. Cela signifie que, outre les conséquences liées au changement climatique, la déforestation peut affecter directement le climat. L’Indonésie en est la preuve, étant donné que la déforestation y provoque actuellement des vagues de chaleur mortelles.
Une hausse des décès et une baisse des heures propices au travail
La déforestation est l’une des causes majeures du changement climatique. En effet, les forêts jouent un rôle essentiel dans le recyclage du dioxyde de carbone, le gaz à effet de serre qui sert de référence pour le suivi de la progression du réchauffement climatique. En bref, moins il y a d’arbres et de plantes, plus il y a de CO2 non absorbé dans l’atmosphère, ce qui empire l’effet de serre. Mais même sans le réchauffement climatique, la destruction des forêts peut avoir un impact sur l’environnement, le climat et la population locale. Il faut savoir que lorsqu’on détruit une forêt, on détruit également l’habitat de nombreuses espèces animales, on fragilise le sol, on perturbe le cycle de l’eau, on fait baisser la pluviométrie et on perturbe ainsi le climat, non seulement au niveau local, mais aussi à échelle régionale.
De plus en plus d’études ont en effet démontré l’impact direct de la déforestation sur le climat. Et dans cette recherche publiée dans la revue Lancet Planetary Health, la déforestation en Indonésie a provoqué un réchauffement de 1 °C en seulement 16 ans, en plus de l’augmentation de la température mondiale. Pour les profanes, cela pourrait sembler négligeable, mais ce n’est pas le cas, étant donné que cette hausse de la température en Indonésie a provoqué une hausse de 8 % de la mortalité. À titre de comparaison, il a fallu 150 ans pour observer une augmentation de 1 °C au niveau mondial.
Par ailleurs, la hausse du nombre de décès liés à la chaleur n’est pas la seule conséquence sociale de la déforestation en Indonésie. Il a également été constaté que cela a réduit de 20 minutes par jour les heures durant lesquelles les ouvriers peuvent travailler dans de bonnes conditions. « La chaleur causée par la déforestation et le changement climatique tue les travailleurs dans les pays tropicaux et réduit la possibilité de travailler sans risque », a expliqué Nicholas Wolff, auteur principal de l’étude, à l’AFP. Les conséquences sociales de ce phénomène pourraient être dramatiques. « Les gens devront faire des choix terribles pour savoir s’ils doivent mettre leur vie en danger pour mettre de la nourriture sur la table », a ajouté Wolff.
Une étude qui souligne l’impact du réchauffement climatique sur les pays en voie de développement
Pour aboutir à cette conclusion, les chercheurs se sont basés sur des données publiques concernant l’exploitation de 4 375 km2 de forêt dans la région de Berau, sur l’île de Bornéo, entre 2002 et 2018. Durant cette période, la perte de la couverture forestière de la région a été évaluée à 17 %. En associant ces chiffres aux données démographiques, les chercheurs ont pu déterminer que la déforestation dans cette région est la cause de plus d’une centaine de décès. Si la déforestation continue, ce bilan va très certainement s’alourdir. En utilisant la modélisation climatique, l’étude prévoit en effet que dans un scénario où les températures augmenteraient de 3 °C par rapport aux niveaux préindustriels (soit une hausse de 2 °C par rapport à 2018), le nombre de décès pourrait augmenter d’environ 260 par an.
Selon les experts, cette étude offre un rare aperçu du réchauffement climatique sur les communautés les plus pauvres dans les pays en voie de développement. « Il y a un vrai manque d’études prenant en compte les conséquences sur ceux qui sont les plus vulnérables au changement climatique et qui en sont le moins responsables », a déclaré Nicholas Wolff, qui est également un chercheur au sein de l’ONG Nature Conservancy. Outre le fait d’apporter plus de preuves de l’impact de la déforestation sur le réchauffement climatique, les chercheurs ont également voulu souligner l’importance de la préservation des forêts existantes par rapport au reboisement.
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: La Provence
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