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Un ADN humain vieux de 7 200 ans avec une ascendance unique trouvé en Indonésie

Ce type de découverte s’avère rarissime sous les tropiques, où l’humidité et la chaleur accélèrent sa dégradation

Les restes fossilisés de la femme toaléenne, baptisée « Bessé » — © Carlhoff et al. / Nature / 2021

Pour la première fois, de l’ADN a été extrait des ossements d’un individu ayant vécu sur l’île indonésienne de Sulawesi durant l’âge de pierre. De telles informations génétiques nous éclairent sur la préhistoire des îles d’Asie du Sud-Est, et notamment sur ce qui s’est passé lorsque notre espèce, Homo sapiens, est arrivée dans la région.

Les premiers restes fossilisés d’une femme toaléenne

Sulawesi est l’une des plus grandes îles de l’Asie du Sud-Est, région du globe située entre le continent asiatique et l’Australie. Au cours de fouilles menées dans la grotte de Leang Panninge, située dans la péninsule sud de l’île, une équipe de chercheurs australiens a mis au jour les restes d’une jeune femme âgée d’environ 17 ans au moment de sa mort, il y a 7 200 ans. Cette dernière appartenait à un ancien peuple de chasseurs-cueilleurs connu sous le nom de Toala’.

« Ils ont créé cette culture très distinctive avec des types d’outils en pierre très sophistiqués, incluant de magnifiques petites pointes de flèches pourvues de délicates dentelures », explique Adam Brumm, de l’université Griffith en Australie. « Il s’agit des premiers restes fossilisés d’une femme toaléenne, sachant que les seules traces de ce peuple, ayant été laissées il y a 8 000 à 1 500 ans environ, ont été trouvées dans la péninsule sud de Sulawesi. »

Dans le cadre de ces travaux publiés dans la revue Nature, Brumm et ses collègues ont envoyé l’un des os à leur laboratoire afin qu’il procède à une extraction d’ADN. Ne s’attendant pas à en tirer quoi que ce soit, en raison du climat chaud et humide de Sulawesi qui accélère la détérioration de cette molécule (et des peintures rupestres), les scientifiques ont obtenu un ADN fortement dégradé, s’avérant proche de ceux des aborigènes australiens et des papous modernes.

Une pointe de flèche toaléenne en pierre, connue sous le nom de pointe de Maros — © Carlhoff et al. / Nature / 2021

Un profil génétique atypique

L’explication la plus simple est qu’elle descendait de la première vague d’humains modernes en provenance du continent asiatique, ayant atteint les îles d’Asie du Sud-Est il y a plus de 50 000 ans. Si certains de ces individus ont voyagé jusqu’en Australie ou en Papouasie-Nouvelle-Guinée, d’autres se sont établis dans des endroits comme Sulawesi, donnant finalement naissance à différents peuples.

Le profil génétique de la jeune femme ne correspondait toutefois parfaitement à aucune population actuelle connue, ce qui suggère que les « Toaléens n’ont laissé aucune descendance, pour autant que l’on puisse en juger », selon Brumm. Mais le chercheur rappelle que les données génétiques humaines concernant Sulawesi sont encore limitées et qu’il est donc possible que les descendants des Toaléens n’aient tout simplement pas encore été identifiés.

Environ 2,2 % de l’ADN extrait provenait des Dénisoviens, mystérieux groupe d’hominidés identifiés sur une poignée de sites en Asie, ayant été amenés à se mélanger aux humains modernes. Ce qui suggère que cette île indonésienne était peut-être l’endroit où Homo sapiens a croisé leur route pour la première fois. Une hypothèse initialement formulée en raison de la présence récurrente de gènes dénisoviens chez les habitants des Philippines et de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Par Yann Contegat, le

Source: New Scientist

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