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Et si votre empathie était une terrible maladie de laquelle il faudrait vous soigner à tout prix ?

Imaginez un monde où l’empathie serait une terrible maladie : vos proches sont inquiets à chaque geste bienveillant de votre part, votre vie de famille est en péril parce que vous vous inquiétez de celle des autres… A tel point que la générosité se soigne dans des centres spécialisés. C’est dans ce monde parallèle que nous plonge le court-métrage « Crise d’empathie ».

« Crise d’empathie » est un court-métrage français réalisé par « Les Parasites« , qui nous emmène à la rencontre de Juliette, une jeune femme gravement malade ; en effet, cette dernière souffre d’empathie.

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Durant une énième crise durant laquelle elle offre un gâteau à un sans-abri, son père, épuisé, prend la décision de l’emmener dans un centre de « désintoxication » pour un séjour durant lequel elle sera sous la tutelle d’un médecin sévère ayant pour mission de rendre Juliette égoïste et individualiste.

Nous avons eu la chance de rencontrer Bastien Ughetto et Guillaume Desjardins : le premier a co-écrit le scénario et le second a réalisé le film. Ensemble, ils ont a accepté de répondre avec beaucoup de sympathie à nos questions.

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Bonjour et merci d’avoir accepté de répondre à nos questions ! Tout d’abord, nous aimerions savoir : Les Parasites, c’est qui, c’est quoi ? Et surtout, pourquoi ce nom ? 

Bastien et Guillaume – Les Parasites c’est un groupe d’amis à la base qui ont tous la même envie : faire des films ! On s’est rencontré pour la plupart en école de cinéma.

Le premier film signé Les Parasites a été fait lors d’un concours vidéo en 48h. Le but est d’écrire, tourner et monter un film en moins de 48h. On s’était appelé Les Parasites parce qu’on ne voulait pas participer dans le but de gagner mais simplement de s’amuser entre amis. On pensait donc être Les Parasites d’un concours où la compétition est rude.

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Comment vous est venue l’idée de « Crise d’empathie » ?

Bastien et Guillaume – En fait, le film est vraiment venu du sentiment étrange que l’on éprouve après avoir croisé un mendiant. On n’ose le regarder, on ne veut pas qu’il nous adresse la parole, on aimerait l’aider mais on se retient de lui donner une pièce. On se cherche alors une justification pour se rassurer : il y a trop de misère, je ne peux pas aider tout le monde.

Mais peu importe la justification qu’on se trouvera sur le moment, on reste avec un sentiment de malaise et d’impuissance avec un problème non résolu qu’on essaye alors d’oublier au plus vite afin de ne pas affecter notre quête du bonheur.

On a essayé alors de réfléchir sur ce constat frustrant :Quel est vraiment le problème ? Comment le résoudre ? Notre empathie ne serait tout simplement pas compatible avec le monde dans lequel on vit qui crée de la misère.

On a donc voulu pousser l’absurdité du système dans lequel on vit jusqu’au bout en créant un centre qui permettrait aux gens de perdre leur empathie afin d’être mieux adaptés et ainsi d’être plus heureux.

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On voit clairement que ce court-métrage est une critique : mais de quoi, de qui exactement ?

Bastien et Guillaume – Le film n’est pas une critique des gens mais une critique du système auquel on participe tous. Ça nous amusait d’ailleurs que le message du film soit dit en dialogue par un personnage un peu fou : “Ce n’est pas toi qui n’est pas adapté au système, c’est le système qui n’est pas adapté à nous.”

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Où avez-vous puisé votre inspiration pour la création des dialogues, des personnages, de cet univers « parallèle » si proche de nous ?

Bastien et Guillaume – Les dialogues sont venus assez naturellement une fois l’univers posé, il s’agissait surtout de trouver le bon contexte dans lequel faire évoluer le personnage de Juliette. Le centre est un mélange d’école et d’hôpital psychiatrique qui n’est pas sans rappeler Orange mécanique ou 1984.

On s’est amusé à mélanger des leçons d’auto-école avec des séances de tortures, des vidéos de propagande mais aussi l’utilisation de jeux pour enfant pour infantiliser les “patients” de cette institution extrême.
On voulait que le personnage du professeur soit l’exemple type de l’homme sans empathie, il est froid, autoritaire, tout en étant en blouse blanche pour le côté médical.

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Dans le court-métrage, l’empathie est une maladie presque honteuse de laquelle on se soigne dans des centres spécialisés, un peu comme pour les toxicomanes : à l’inverse, est-ce de cette façon que vous voyez l’égoïsme et l’individualisme ?

Bastien et Guillaume – Nous pensons qu’à l’inverse, c’est l’empathie et l’altruisme qui est notre plus grande force et non le problème. Les recherches scientifiques aujourd’hui montrent que c’est l’altruisme qui a permis l’évolution et la survie de notre espèce.

Le fonctionnement de notre système aujourd’hui nous pousse à agir contre notre nature. De façon égoïste et individuelle. C’est ce fonctionnement qui nous pousse à prendre des décisions aberrantes aux quatre coins du monde à la recherche du profit et de l’enrichissement matériel personnel au détriment de la nature et des populations.

La vraie maladie est là, pervertie par la recherche du pouvoir et du profit, l’homme oublie où se trouve sa véritable force.

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En sortant du centre, Juliette s’adresse telle une machine à la nouvelle patiente. Pourtant, à la fin, on voit bien qu’elle n’a fait que semblant d’être « soignée »… C’est finalement une fin mitigée : si l’empathie ne gagne pas, elle ne perd pas pour autant. Quel bilan peut-on dresser alors ?

Bastien et Guillaume – L’idée avec cette fin était de faire réfléchir sur la nature de notre empathie. Peut-on réellement la perdre ? Ou est-ce qu’on ne fait que la cacher ?

L’empathie ne se perd pas ni ne se gagne, nous pensons qu’elle fait partie de notre nature.

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D’ailleurs, l’actrice incarnant Juliette est magnifique dans ce rôle… Où allez-vous chercher de tels talents ? Ce sont des amis, des professionnels, des connaissances ?

Bastien et Guillaume – Roxane Bret est une merveilleuse comédienne mais avant tout une amie qui fait partie intégrante des Parasites. L’idée avec le collectif est de faire du cinéma sur Internet en nous auto-diffusant. On essaie donc de ramener des comédiens de talent qui viennent aussi bien du théâtre que du cinéma.

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La réalisation aussi est sublime : avez-vous fait une école spécialisée, êtes-vous des autodidactes ? Où avez-vous puisé votre savoir-faire ?

Bastien et Guillaume – On s’est rencontré dans une école de cinéma ! La réalisation des Parasites est le fruit du travail de Guillaume Desjardins. Il arrive aussi que l’on travaille en co-réalisation avec lui en fonction des projets.

Ce qui est bien c’est que Guillaume est très ouvert aux idées des autres et sur les tournages tout le monde est apte à proposer. D’ailleurs Guillaume a aussi une chaîne YouTube sur laquelle il explique ses astuces de réalisation, elle s’appelle RougeVertBleu. 

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Nous avons remarqué que vous étiez pour le moins productif… Combien de temps vous faut-il entre le moment de l’idée et celui de la mise en ligne sur YouTube pour réaliser un court-métrage ?

Bastien et Guillaume – Cela dépend des projets mais pour le printemps on est dans l’optique de sortir un film tous les mois ! Ce qui est un rythme assez intense à tenir… On crée aussi du contenu en plus pour faire partager aux gens qui nous suivent, notre manière de travailler. Dans l’idée, on sortirait une vidéo chaque dimanche : une bande-annonce, suivie du film en question puis du making-of et la dernière semaine un VLOG sur des personnes qui travaillent avec nous, une manière de les remercier aussi en leur faisant de la pub en plus de permettre aux gens de découvrir des métiers. Comme pour Dario Le Bars, un compositeur avec qui on travaille depuis longtemps et qui a fait la musique de plusieurs de nos films.

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Pour terminer, on reprendra le slogan qui revient tout au long de votre court-métrage : « Mon bonheur n’est pas celui des autres. » Selon vous, quel serait celui que l’on devrait adopter au quotidien pour être plus heureux ?

Bastien et Guillaume – C’est une très bonne question. Peut-être que le problème réside dans le fait qu’on pense que le bonheur est une quête. Donc si on devait trouver un slogan pour aider à l’atteindre, ce serait peut-être simplement :

“Mon bonheur est déjà présent”

Car c’est lorsqu’on accepte d’être heureux à chaque instant qu’on peut lâcher prise sur les attentes que la société a de nous et qui bien souvent ne nous rendent pas heureux.

C’est un peu comme l’âne et la carotte, il continue d’avancer en visant un éventuel futur plus heureux, ce qui crée en lui plus de frustration qu’autre chose alors qu’il avance sûrement dans un champ de carottes. Mais les carottes sont invisibles, elles poussent sous terre. Enfin bref ! On s’emporte… Il faut vivre maintenant !

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Nous remercions Bastien et Guillaume d’avoir pris le temps de répondre à nos questions et nous tenons à féliciter toute l’équipe des Parasites pour leur travail incroyable. « Crise d’Empathie » est une véritable claque, il nous ouvre les yeux sur un problème persistant dans notre société et ce, avec autant d’humour que de créativité et d’émotions. A la rédaction, nous sommes sous le charme et nous vous invitons vivement à regarder leurs autres vidéos depuis leur chaîne YouTube qui sont toutes plus géniales les unes que les autres.

Par Joana Pimenta, le

Source: Les Parasites

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