Une équipe d’archéologues a mis au jour une structure exceptionnelle datant de l’âge de pierre, située au Danemark. Ce site, vieux de 5 000 ans et associé à la culture des vases à entonnoir ou Funnelbeaker, révèle des avancées significatives dans les techniques de construction de l’époque. Cette découverte, publiée dans la revue Radiocarbon, pourrait marquer l’une des premières tentatives de construction d’une cave isolée destinée à la conservation des aliments en Europe.
Un tournant dans l’architecture de l’ancienne Scandinavie
La découverte d’une cave pavée de pierres sur ce site témoigne de l’évolution des connaissances et des compétences en matière de construction dans l’ancienne Scandinavie. Ce site est lié à la culture des vases à entonnoir ou Funnelbeaker, une culture qui, il y a environ 6 000 ans, a marqué le passage d’un mode de vie basé sur la chasse et la cueillette à une économie agricole sédentaire. Cette transition a non seulement transformé la vie quotidienne des populations, mais a également engendré l’émergence de constructions permanentes telles que des maisons et des tombes mégalithiques.
L’un des aspects les plus fascinants de cette culture est la construction des premières habitations dans la région. Les fouilles menées à Nygårdsvej 3, un site clé au Danemark, ont révélé plusieurs vestiges de ces maisons. Ces habitations comportaient des poteaux intérieurs massifs soutenant de larges toitures, une caractéristique commune de cette époque. Les sols, quant à eux, étaient fabriqués à partir d’un mélange compact de sable et d’argile, communément appelé loam.
Ce matériau, encore utilisé aujourd’hui dans un grand nombre de foyers à travers le monde, illustre l’ingéniosité des anciens bâtisseurs. Si ces sols sont aujourd’hui dépassés dans d’autres parties du monde, ils étaient considérés comme une technologie de pointe dans l’Europe de l’âge de pierre.
L’ingéniosité du choix stratégique de l’emplacement
Le choix de l’emplacement du site de Nygårdsvej 3 ne semble pas être le fruit du hasard. Les chercheurs ont noté que les habitations étaient construites sur une légère élévation, une position stratégique qui permettait de rester au-dessus des zones d’inondation tout en offrant une vue panoramique sur les alentours. Ce positionnement était crucial pour la sécurité des habitants et la préservation des ressources.
Au-delà de l’emplacement judicieux, les archéologues ont également découvert une multitude d’artefacts sur le site, incluant des outils en silex, des fragments de poterie, ainsi que des oursins fossilisés. Ces objets, concentrés autour d’une zone particulière où une dalle de pierre a été creusée dans le sol, suggèrent que cet espace souterrain avait une fonction essentielle pour les habitants de l’époque.
Les datations effectuées sur le site indiquent que la première phase d’occupation remonte à environ 3080-2780 av. J.-C., tandis qu’une seconde phase d’occupation a eu lieu après 2800 av. J.-C. De plus, des traces d’une structure plus ancienne, datant de 3600 à 3500 av. J.-C., ont également été découvertes, suggérant l’existence d’une organisation sociale plus complexe que ce que l’on croyait jusqu’ici. Cette structure, possédant jusqu’à sept rangées parallèles, pourrait avoir servi à délimiter des espaces ou à protéger le site.
Une technologie de conservation alimentaire en avance sur son temps
L’une des découvertes les plus marquantes de ces fouilles est l’hypothèse selon laquelle cette structure souterraine aurait été utilisée comme une cave pour conserver les aliments. Grâce à sa position sous le sol et à son pavage en pierre, cette cave aurait pu offrir une température plus stable, protégée des variations climatiques saisonnières. Cela aurait permis de garder les aliments frais durant l’été et de les empêcher de geler pendant les mois d’hiver.
Si des études futures confirment cette hypothèse, cela ferait de cette cave l’une des premières structures de ce type en Europe. La capacité à conserver la nourriture sur une plus longue période aurait représenté un avantage considérable pour les sociétés néolithiques, notamment pour survivre durant les périodes entre les récoltes et affronter les hivers rigoureux.
Les scientifiques estiment que chaque nouvelle découverte sur des sites comme Nygårdsvej 3 permet d’élargir nos connaissances sur les modes de vie, les croyances et les innovations des sociétés néolithiques. Les archéologues espèrent que de futures fouilles permettront d’approfondir encore davantage nos connaissances sur la culture des vases à entonnoir ou Funnelbeaker et sur les premiers habitants du Danemark néolithique. Par ailleurs, la cargaison inattendue d’un navire néolithique a été découverte au large des côtes italiennes.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Independent
Étiquettes: Danemark, neolithique
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