Bien que chacun ait son aliment réconfortant préféré, la « dépendance alimentaire » est un concept complexe pour les scientifiques. Cependant, certains aliments sont réputés pour leur emprise indéniable sur nos sens. Une étude de l’université du Michigan s’est penchée sur ce sujet, classant les aliments selon leur niveau d’addiction.
La science derrière l’addiction alimentaire
Les chercheurs ont utilisé l’échelle de dépendance alimentaire de Yale (YFAS) pour interroger des centaines de personnes. Cette échelle, développée par le Dr Ashley N. Gearhardt et ses collègues de l’université Yale, est un outil reconnu pour évaluer la présence et la gravité des comportements de type addictif liés à l’alimentation. Les participants sont soumis à une série de questions visant à mesurer l’ampleur des symptômes de l’addiction alimentaire. Les résultats de deux études distinctes ont été obtenus, l’une impliquant 120 étudiants universitaires et l’autre près de 400 participants en ligne via Amazon Mechanical Turk (MTurk).
D’après la première étude, le chocolat occupe la première place en mreatiè d’addiction alimentaire, affectant plus d’une personne sur quatre. Les glaces, les frites et les pizzas figurent également en haut de la liste, une constatation peu surprenante. Cependant, quelques surprises ont émergé : les céréales pour petit déjeuner ont été jugées plus addictives que les sodas ou le poulet frit. Également, l’eau a été considérée comme plus problématique que les concombres ou les haricots.
La seconde étude a inversé les classements, désignant la pizza comme l’aliment le plus addictif, suivie du chocolat, des chips, des biscuits et des glaces. Les céréales pour petit déjeuner ont considérablement baissé dans le classement, tandis que le concombre a été désigné comme l’aliment le moins addictif.
« En résumé, cette étude a montré que les aliments fortement transformés, avec des quantités ajoutées de graisse et/ou de glucides raffinés, étaient les plus susceptibles d’être associés à des indicateurs comportementaux d’une alimentation de type addictif. De plus, les aliments à indice glycémique élevé étaient particulièrement liés aux problèmes d’alimentation de type addictif chez les individus présentant des symptômes élevés d’addiction alimentaire », indique l’étude.
L’existence de l’addiction alimentaire
L’existence de l’addiction alimentaire suscite des débats au sein de la communauté scientifique. Bien que l’idée puisse sembler farfelue à première vue, des recherches indiquent que certaines personnes sont prédisposées à rechercher des aliments palatables, riches en graisses et en sucres, même si cela entraîne des conséquences négatives.
La dépendance a toujours été liée à des substances comme l’alcool ou les stupéfiants. Elle se caractérise par une activité obsessionnelle, une perte de contrôle et des résultats défavorables lorsque l’objet de la dépendance n’est plus disponible. Elle est liée au système de récompense du cerveau et aux neurotransmetteurs, en particulier la dopamine, qui est essentielle pour récompenser les expériences agréables.
Si l’addiction à la nourriture n’est pas encore officiellement reconnue, des chercheurs ont adapté l’échelle d’addiction alimentaire de Yale aux critères du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), qui répertorie les troubles psychiatriques.
Comparaisons avec les substances dures
Certains scientifiques vont même jusqu’à affirmer que le sucre peut créer une dépendance similaire à celle des drogues dures comme la cocaïne et l’opium. Dans une revue publiée dans le British Journal of Sports Medicine, le chercheur en cardiologie James DiNicolantonio et le cardiologue James H. O’Keefe écrivent que la consommation de sucre produit des effets similaires à ceux de la cocaïne, en modifiant l’humeur, peut-être par sa capacité à induire la récompense et le plaisir, ce qui conduit à la recherche de sucre.
Alors que des études sur des rats soulignent des similitudes dans les réponses du cerveau à ces substances, il est crucial de faire preuve de prudence dans l’application de ces conclusions à la réalité humaine. Des similitudes entre les effets du sucre et de la cocaïne sur le cerveau ont été observées dans d’autres études. Les aliments et les drogues, comme la cocaïne, agissent en effet essentiellement sur le même circuit cérébral de récompense. Cependant, d’un point de vue pharmacologique, il existe des différences entre les deux drogues et leurs effets.
Au-delà des débats et des recherches, l’impact réel de l’addiction alimentaire sur la santé individuelle et la qualité de vie est incontestable. Aux États-Unis, plus de deux adultes sur cinq et près d’un enfant sur cinq sont obèses, selon les données de l’enquête nationale sur la santé et la nutrition (National Health and Nutrition Examination Survey). Les implications pour la santé publique, les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 et d’autres affections liées à l’obésité sont des réalités auxquelles la société doit faire face. Et vous, de quel aliment n’arrivez-vous pas à vous passer ? Par ailleurs, voici 10 aliments qu’on croit bons pour la santé, mais qui ne le sont pas.