Ils sont infiniment petits et potentiellement dangereux pour la santé : des additifs sous forme de nanoparticules, non spécifiés sur les paquets, seraient présents dans de nombreuses sucreries. L’enquête menée par le magazine 60 millions de consommateurs alarment sur la présence de dioxyde de titane, ou additifs E171, dans des proportions non négligeables dans des bonbons, des biscuits et d’autres produits sucrés. 

Le magazine 60 millions de consommateurs alerte sur les nanoparticules

C’est en effet le magazine 60 millions de consommateurs qui alerte sur la présence de nanoparticules non spécifiés dans des produits que nous consommons. Leur enquête visait l’additif E171 ou dioxyde de titane présent sous forme nano. En effet, le dioxyde de titane est autorisé dans nos aliments par l’autorité européenne, sous sa forme normale, micrométrique, et qui ne poserait alors pas de problème pour notre santé. Cet additif est utilisé dans l’industrie agroalimentaire et même cosmétique afin de blanchir et d’intensifier la brillance des confiseries, des plats préparés ou même des dentifrices.

Le problème : sa forme « nano », la forme la plus petite du dioxyde de titane. Une nanoparticule est 50 000 fois plus petite qu’un cheveu. Les nanoparticules peuvent alors franchir les barrières de protection de l’organisme plus facilement. « On sait que les nanoparticules, du fait de leur toute petite taille, peuvent passer la barrière intestinale et se retrouver dans différents organes, comme le foie, le cœur, les poumons, et on ne sait pas encore ce qu’elles peuvent devenir », précise Patricia Chairopoulos, co-autrice de l’étude, à l’AFP.

L’étude visait 18 produits sucrés, souvent destinés aux enfants. Résultats : 100 % des produits testés contenaient l’additif E171 sous forme de nanoparticules, dans des proportions variées. De 10 % à 100 % de l’additif pouvaient être présents dans ces différentes sucreries. Les gâteaux glacés Monoprix Gourmet présentaient ainsi 100 % de l’additif sous sa forme la plus petite, les célèbres M&M’s atteignaient les 20 %, les Napolitain de Lu allaient quant à eux jusqu’à 12 %.

Des bonbons

 

 

Les industriels pointés du doigts

Les auteurs de cette enquête reprochent aux industriels concernés par les révélations un « manque de vigilance » et de « manque de rigueur ». Alors même que l’Association des fabricants de dioxyde de titane affirmait en mars dernier que leur additif n’était « pas utilisé comme nanoparticule dans les aliments », cette enquête vient confirmer que certains industriels font preuve de peu de vigilance ou mentent peut-être intentionnellement sur la présence de nanoparticules dans leurs produits.

En effet, la réglementation européenne impose aux fabricants d’inscrire la mention « nano » devant le nom de l’ingrédient, si celui-ci se retrouve sous forme de nanoparticules : « au minimum 50 % de particules de dimensions comprises entre 1 nm et 100 nm ». Et comme a pu le constaté 60 millions de consommateurs, cette mention n’a été retrouvée sur aucun paquet des 18 produits testés positifs à la présence des nanoparticules de dioxyde de titane.

Le magazine a contacté une quinzaine d’entreprises agroalimentaires sur leur usage des nanomatériaux. La majorité de celles ayant répondu ont affirmé ne pas en utiliser, et seulement quelques-unes ont garanti leur volonté d’appliquer « le principe de précaution ». Autrement dit, agir même en l’absence de preuves scientifiques concrètes sur la dangerosité du produit. Ainsi, Auchan explique à l’AFP que « tous les produits de marque Auchan contenant des nanoparticules seraient retirés des rayons » et qu’« une bonne partie l’a déjà été ».

Un rayon de bonbons

 

Quelles conséquences pour la santé ?

On ne sait pas grand-chose sur cette forme nano. C’est ce qui pose problème. D’autant plus qu’une étude récente de l’INRA, parue en janvier 2017 révélait la dangerosité de ce produit sur les rats.

L’étude en question révélait que l’exposition chronique au E171 favorisait la croissance de lésions pré-cancéreuses chez le rat. En effet, les nanoparticules pénètrent la paroi de l’intestin du rat en provoquant une baisse de l’activité de son système immunitaire.

A la publication de l’étude, les ministères de l’Économie, de la Santé et de l’Agriculture ont néanmoins déclaré dans un communiqué : « au regard des conclusions de cette étude, les ministères chargés de l’Économie, de la Santé et de l’Agriculture ont décidé de saisir conjointement l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) afin de déterminer si l’additif alimentaire E171 présente un éventuel danger pour les consommateurs ».

Depuis déjà plusieurs années, des ONG mettent en garde contre la présence de nanoparticules dans notre alimentation. Huit d’entre elles ont d’ailleurs adressé en juillet dernier une lettre ouverte au gouvernement français pour « la mise en place urgente de mesures de précaution » allant jusqu’à une interdiction temporaire des nanoparticules dans l’additif E171. Alors que de son côté, l’association Agir pour l’environnement considère « la persistance de cette contamination comme un véritable scandale qui engage la responsabilité du gouvernement, des industriels et des distributeurs ».

Avec ces preuves accablantes, on attend une véritable transparence des industriels à l’avenir. Même si les études ne sont pas assez nombreuses et ne permettent d’affirmer le caractère cancérigène de l’additif, le manque d’informations aux consommateurs est aberrant. On remercie tout particulièrement le magazine 60 millions de consommateurs d’avoir fait toute la lumière sur cette affaire.

Un rayon confiserie de magasin

 

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