Notre société actuelle est basée sur le patriarcat, c’est-à-dire une organisation sociale et juridique fondée sur la détention de l’autorité par les hommes. Bien que cela soit peu à peu en train de changer, il existe des tribus et des peuples pour lesquels une telle chose n’est et n’a jamais été d’actualité. Le DGS vous présente quatre communautés où les femmes sont au centre de la vie économique et sociale.

L’ÎLE DE KIHNU, ESTONIE

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Tandis que les hommes partaient pêcher plusieurs mois en mer, les femmes régissaient la vie communautaire à Kihnu, permettant de mettre en place un exemple de société matriarcale. Sur l’île, c’est une communauté de 600 personnes qui y habite. L’attachement aux coutumes et l’isolement géographique ont permis aux habitants de conserver leur culture, si bien que « l’espace culturel de Kihnu » a été inscrit par l’UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, notamment grâce au mariage traditionnel.

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Malheureusement, depuis quelques années, l’expansion du tourisme a peu à peu minimisé les valeurs de l’île. En effet, dans la culture locale, le mariage est un évènement incroyablement important basé sur les chants, les danses, les cérémonies, les jeux, etc. Le dernier a eu lieu en 1995 et ils ne sont, aujourd’hui, représentés que pour divertir les touristes.

Mare Mätas est la « chef » de Kihnu et également députée au Parlement estonien. Elle défend coûte que coûte les traditions et l’artisanat local de l’île qui est régulièrement assaillie de touristes. Les habitants de l’île pratiquent un estonien ancien hérité du XVIIIe siècle qu’ils essayent de protéger, devenant ainsi l’une des « vitrines culturelles de l’Estonie ». Malheureusement pour Kihnu, la modernité prend de l’ampleur : les plus jeunes désirent se rendre sur le continent pour y trouver un travail, la pêche, l’agriculture et l’artisanat n’attirent plus les nouvelles générations.

 

JUCHITAN DE ZARAGOZA, MEXIQUE

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Située dans la vallée d’Oaxaca au Mexique, la ville de Juchitan de Zaragoza compte près de 100 000 habitants. Seules les femmes parlent la langue de la civilisation zapotèque vieille de 2 000 ans. Dans cette ville, les femmes sont chefs de famille. Elles contrôlent les richesses, représentent la communauté à l’extérieur et sont les seules à pouvoir se rendre au marché. Encore aujourd’hui, elles ont le contrôle de la vie économique.

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Les femmes de Juchitan sont réputées pour leur intelligence et leurs talents. Les personnes âgées y sont très respectées et la majorité des guérisseurs sont des guérisseuses. Le nom, la maison et même l’héritage passent par les femmes. Après le mariage, le mari quitte sa famille pour s’installer dans la maison de son épouse.

Les habitants sont réputés pour leur grande tolérance vis-à-vis de certaines formes d’homosexualité masculine. Ces hommes « ayant un coeur de femme », appelés « muxhe », sont socialement acceptés comme un genre supplémentaire et sont exceptionnellement admis dans certaines activités féminines. Cependant, les femmes homosexuelles ne bénéficient pas d’un tel degré de reconnaissance.

LES KHASI, INDE – ÉTAT DU MEGHALAYA

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Au nord-est de l’Inde, la société Khasi est matrilinéaire et matrilocale, c’est-à-dire que la filiation se fait par la mère et que, lors d’un mariage, c’est l’époux qui réside dans la localité d’origine de sa femme, et non l’inverse. Considéré comme la plus grande société matrilinéaire de la planète, l’Etat du Meghalaya compte 5 millions d’habitants et depuis 2300 ans, le pouvoir s’y transmet de mère en fille. Contrairement au reste de l’Inde, les Khasi prient pour avoir une petite fille.

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Les femmes gèrent les affaires, tiennent des commerces, prennent les décisions pour tout le foyer, etc. Elles sont partout : banques, écoles et même au parlement. Quant aux hommes, ils restent au foyer et s’occupent des enfants. En cas de divorce, ils perdent tout.

Chez les Khasi, c’est la plus jeune des filles qui hérite des terres et des biens matériels de la famille. Elle porte le nom de « khaddhu », est la chef de famille, gardienne du patrimoine familial et garante de la tradition. Malheureusement pour elle, elle ne peut décider de son avenir autrement. Cependant, depuis le début des années 1990, les hommes de la tribu réclament l’égalité des sexes et une filiation patriarcale. Le mouvement de libération des hommes a vu le jour mais beaucoup de personnes s’y opposent, et ce, dans la société entière.

LES NA, CHINE

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Un dicton de la région de Yongning affirme que la part de l’homme dans la reproduction est comme l’action de la pluie sur l’herbe des prairies : elle fait pousser, sans plus. Le nom « Yongning » signifie « Sérénité éternelle ». Les Moso forment un sous-groupe des Naxis, qui se nomment eux-mêmes Na. Il compte entre 30 000 et 60 000 individus. Etablis dans une zone difficile d’accès au pied des montagnes, les Na ont été coupés du monde jusque dans les années 50 lorsqu’une route, unique et souvent impraticable, a été construite.

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Cela explique, en partie, pourquoi les modes de vie et coutumes ont été inchangés, ou très peu, depuis si longtemps. L’UNESCO a donné à ce peuple le titre de communauté modèle. En effet, il n’y a pas de rapport de domination homme/femme, ni de conflits sur les propriétés.

En plus d’être matrilinéaire et matrilocale, la société des Na est également avunculaire. C’est-à-dire que ce sont les oncles maternels et non les pères qui s’occupent des enfants. Ce peuple pratique ce qui est appelé la « visite furtive », ou « nana sésé ». La nuit, les hommes se glissent dans le lit des femmes des maisons alentour. La culture veut que les amants se font un devoir de n’être ni jaloux ni fidèles.

Dans la tradition, le mariage et la vie conjugale n’existent pas. Les enfants restent vivre chez leur mère, tout est transmis par elle, la sexualité est libre (et discrète). Les propriétés se transmettaient de génération en génération, mais la juridiction chinoise ne reconnaît plus la propriété collective familiale. Le tourisme de masse et la pression du gouvernement chinois sur cette société en ont profondément bouleversé les modes de vie.

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Il existe de nombreux peuples où les femmes sont au centre de la vie communautaire et économique, mais ce ne sont généralement que des tribus ou des petites populations. Naturellement, au même titre que le patriarcat, le matriarcat n’est pas une tendance à suivre aveuglément. La justice et l’égalité entre les sexes sont primordiales pour une bonne cohésion sociale et une domination quelle qu’elle soit ne saurait que semer la discorde.

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