
Les profondeurs de la nécropole de Saqqarah, au sud du Caire, continuent de livrer leurs secrets millénaires. Une équipe d’archéologues égyptiens, dirigée par le célèbre Dr Zahi Hawass, a récemment mis au jour une tombe attribuée au prince Waser-If-Re, fils du pharaon Ouserkaf, fondateur de la cinquième dynastie. Cette découverte, datée de près de 4 500 ans, éclaire d’un jour nouveau les rites funéraires, les dynamiques sociales et la pérennité du patrimoine royal dans l’Égypte antique.
Une porte monumentale aux dimensions inégalées
La tombe de Waser-If-Re a été érigée durant l’Ancien Empire, une période où l’institution royale égyptienne consolidait son autorité à travers des monuments imposants et des pratiques funéraires codifiées. Mais ce site ne s’est pas limité à une seule époque. Les fouilles ont permis d’établir que le tombeau fut réutilisé plusieurs siècles plus tard, au cours de la 26e dynastie. Ce fait met en lumière l’importance historique de cet édifice et l’évolution des traditions funéraires au fil des siècles.
Parmi les éléments les plus spectaculaires de cette sépulture figure une fausse porte colossale taillée dans le granit rose, un matériau précieux et difficile à travailler. Cette porte atteint une hauteur de 4,5 mètres pour 1,15 mètre de large, un record pour ce type d’élément architectural dans la région.
Dans l’Égypte antique, les fausses portes symbolisaient le passage entre le monde des vivants et celui des morts. Elles permettaient au défunt de « recevoir » les offrandes et de participer aux rites de l’au-delà. Les hiéroglyphes finement gravés sur cette porte révèlent l’identité et les titres prestigieux de Waser-If-Re : « prince héréditaire », « scribe royal », « vizir » et « prêtre chantant ». À proximité de cette fausse porte, une seconde entrée ornée du nom du prince et du cartouche du pharaon Néferirkarê vient corroborer l’idée d’une utilisation prolongée de la tombe.
The Tomb of Prince with a Monumental Pink Granite False Door Unearthed in Saqqarahttps://t.co/3eo7dyOqB6 pic.twitter.com/SPmjfTy76T
— Arkeonews (@ArkeoNews) April 23, 2025
Des statues énigmatiques et riches en enseignements
Les fouilles ont également mis au jour un ensemble impressionnant de statues en granit rose. Treize d’entre elles représentent des femmes assises sur des chaises à dossier élevé. Elles sont probablement les épouses du prince. Certaines de ces figures sont cependant incomplètes, notamment plusieurs têtes manquantes.
Une autre découverte remarquable est celle d’une statue de granit noir, haute de 1,35 mètre, retrouvée face contre terre. Elle était placée à côté d’une table d’offrandes en granit rouge, elle-même gravée de représentations d’objets rituels. Cette configuration particulière indique un usage cérémoniel marqué du tombeau, probablement lié à des pratiques religieuses renouvelées lors de la réutilisation du site.
En complément, une statue datant précisément de la 26e dynastie a été retrouvée. Haute de 1,17 mètre, elle porte les noms et titres du propriétaire postérieur de la tombe, ce qui confirme son appropriation bien après l’époque de Waser-If-Re.
Aperçu des pratiques et des hiérarchies de l’Égypte ancienne
Pour le Dr Zahi Hawass, cette découverte est bien plus qu’un simple vestige funéraire. Elle constitue une clé précieuse pour comprendre les rituels, les hiérarchies sociales et les croyances de la cinquième dynastie. L’organisation de la tombe, la qualité de ses sculptures et la nature des objets retrouvés reflètent une société hautement structurée, dans laquelle les élites royales s’entouraient de symboles de pouvoir même dans l’au-delà.
Le ministre égyptien du Tourisme et des Antiquités a salué cette découverte non seulement pour sa valeur historique, mais aussi pour la fierté qu’elle suscite : l’intégralité de la mission de fouilles est menée par des experts égyptiens.
Alors que les fouilles se poursuivent, d’autres chambres et objets sont attendus, ce qui pourrait apporter de nouvelles réponses sur la réutilisation de la tombe et le déplacement des statues royales. Cette découverte enrichit notre connaissance de l’histoire égyptienne tout en mettant en lumière l’héritage durable de cette civilisation qui a prospéré sur les rives du Nil.
Par ailleurs, la momie enceinte et atteinte d’un cancer n’était en fait ni l’un ni l’autre.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Arkeonews
Étiquettes: egypte, tombe, prince
Catégories: Actualités, Histoire