Aller au contenu principal

Ces tablettes de malédiction de la Rome antique ont influencé… la Bible !

Elles étaient cachées dans des lieux considérés comme des portes des Enfers

Tablette de malédiction
Image d’illustration — Jirik V / Shutterstock.com

À l’époque, les Romains inscrivaient des malédictions sur de fines tablettes de plomb. Ils les cachaient ensuite dans des lieux considérés comme des portes des Enfers. Récemment, Michael Hölscher, professeur de l’université de la Ruhr, à Bochum, et expert en exégèse du Nouveau Testament, a découvert comment ces rituels anciens ont non seulement façonné la vie religieuse quotidienne, mais ont également marqué la Bible elle-même. Explications.

Une culture de la tablette de malédiction

« Entre 500 avant Jésus-Christ et 500 après Jésus-Christ, les malédictions faisaient partie intégrante des pratiques religieuses quotidiennes dans le monde romain », a expliqué Michael Hölscher. « Parce que ces malédictions étaient souvent écrites, nous pouvons encore les lire et les étudier aujourd’hui. »

Les fines tablettes de plomb des Romains étaient souvent enterrées dans des tombes, jetées dans des sources ou dans la mer, ou cachées près de lieux sacrés. Certaines comportaient des objets symboliques comme des figurines d’argile percées ou étaient enroulées autour d’os de poulet pour intensifier le sort. Les malédictions pouvaient être vagues ou désigner précisément des ennemis, invoquant souvent le soutien de dieux ou de démons. Et le sort restait actif tant que la tablette restait cachée. Si elle était découverte et retirée, elle perdait son pouvoir.

Toutefois, alors que cette pratique était très répandue, selon le droit romain, elle était officiellement interdite en raison de sa dangerosité et de sa nature magique. De Rome à Trèves, de l’Asie mineure à la Bretagne, plus de 1 700 tablettes de malédiction ont été découvertes à travers le monde romain.

Une résonance dans la Bible

Lors de ses analyses, Michael Hölscher a constaté que ce rituel clandestin de malédiction a eu une influence sur les premiers textes chrétiens, en particulier l’Apocalypse. Probablement rédigé en Asie mineure sous la domination romaine, l’Apocalypse utilisait un langage fortement symbolique et codé pour offrir de l’espoir aux premières minorités chrétiennes opprimées.

Par ailleurs, divers passages de l’Apocalypse reflètent clairement d’anciens rituels de malédiction. Par exemple, au chapitre 13, une bête venue de la mer est décrite avec des noms blasphématoires sur la tête, comme gravés sur une tablette de malédiction. « La bête est comme un substitut de l’empereur romain, le motif de la malédiction symbolisant la condamnation divine », interprète le spécialiste.

Dans le même temps, le chapitre 18 décrit la chute de Babylone, dépeinte comme une métaphore de Rome, par un grand ange jetant une pierre dans la mer, faisant ainsi écho à l’action de couler une tablette de malédiction pour bannir un ennemi. L’Apocalypse retourne donc contre les Romains leurs propres rituels interdits, présentant le Dieu des chrétiens comme plus puissant que toute divinité romaine.

Une malédiction théologique et linguistique

« Si la malédiction peut paraître primitive ou vengeresse, elle a aussi une portée théologique et linguistique », a ajouté Michael Hölscher. « La Bible ne se contente pas de bénir, elle maudit aussi. Même Jésus maudit le figuier dans les Évangiles. Ces actes soulèvent des questions éthiques plus profondes : est-il jamais juste de maudire ? Comment devons-nous utiliser nos mots ?«  Le message ultime, selon Hölscher : la langue devrait être utilisée davantage pour bénir que pour nuire.

Par ailleurs, des touristes volent des pierres à Pompéi et les restituent par peur d’une malédiction.

Par Cécile Breton, le

Source: Arkeonews

Étiquettes: ,

Catégories: ,

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *