— Matt Jeppson / Shutterstock.com

Il va sans dire que les effets néfastes d’une catastrophe nucléaire perdurent pendant de nombreuses années et ont un impact sur les êtres vivants environnants. Normalement, les experts utilisent des compteurs Geiger, mais à Fukushima, les chercheurs ont décidé de procéder autrement. Ils ont notamment observé les serpents pour surveiller la radioactivité de la zone concernée.

Les serpents : des indicateurs fiables des contaminations environnementales

En 2011, la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi est entrée en fusion après le séisme et le tsunami qui ont frappé la zone le 11 mars 2011. Dix ans après cette catastrophe, la zone environnante de la centrale est encore contaminée par la radioactivité. Si le traitement des eaux usées pour refroidir les centrales et le démantèlement de la centrale sont ce qui préoccupe le plus les chercheurs, d’autres paramètres concernant cette région sont encore étroitement surveillés, dont le niveau de radioactivité dans le sol. À cet effet, une équipe de chercheurs de l’université de Géorgie a montré que l’on pouvait se servir des serpents locaux.

Dans leur étude publiée dans la revue Ichthyology & Herpetology, ils ont notamment expliqué que les serpents étant en contact étroit avec le sol et n’effectuant pas beaucoup de mouvement, cela fournit forcément des informations concernant les niveaux de contamination du sol dans la zone concernée. « Les serpents sont de bons indicateurs de contamination environnementale, car ils passent beaucoup de temps dans et sur le sol. Ils ont de petits domaines vitaux et sont des prédateurs majeurs dans la plupart des écosystèmes, et ce sont souvent des espèces à vie relativement longue », a expliqué James Beasley, coauteur de l’étude, dans un communiqué.

En effet, contrairement aux autres animaux localisés dans la zone de contamination de Fukushima Daiichi, comme les sangliers, les oiseaux et les ratons laveurs, les serpents ne se déplacement pas beaucoup. Selon les chercheurs, les serpents parcourent moins de 65 mètres par jour. Cela signifie que ces animaux peuvent servir d’indicateur fiable de la contamination radioactive. Pour aboutir à ces conclusions, les chercheurs se sont focalisés sur le suivi des déplacements de neuf Elaphes qui ont été équipés de traceur GPS et d’un système de suivi à haute fréquence.

Les serpents sont plus exposés à la radioactivité en hiver

Après un mois de surveillance, 1 718 sites ont été identifiés dans les hautes terres d’Abukuma, à environ 24 kilomètres au nord-ouest de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Après avoir effectué des analyses, les chercheurs ont constaté que les niveaux de radiocésium dans les serpents avaient une forte corrélation avec les niveaux de radiation dans le sol où les serpents ont été capturés. Les chercheurs ont déclaré que cela confirmait les résultats d’une étude préliminaire qu’ils ont menée en 2020. Ils ont également constaté que les serpents étaient plus exposés à la radioactive durant l’hiver. D’après les scientifiques, cela s’explique par le fait que ces animaux ont tendance à s’enfouir dans le sol lorsqu’il fait froid, tandis qu’ils passent plus de temps hors du sol, dans des bâtiments et des hangars quand il fait chaud.

« Nos résultats indiquent que le comportement des animaux a un impact important sur l’exposition aux rayonnements et l’accumulation de contaminants. Étudier comment des animaux spécifiques utilisent des paysages contaminés nous aide à mieux comprendre les impacts environnementaux d’énormes accidents nucléaires tels que Fukushima et Tchernobyl », a ainsi expliqué Hannah Gerke, auteure principale de l’étude. Les chercheurs espèrent que cette nouvelle méthode pourra être utilisée pour surveiller la radioactivité d’autres zones victimes d’accident nucléaire, comme à Tchernobyl.

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