labre capitaine
— Daryl Duda / Shutterstock.com

Si le labre capitaine était connu pour sa capacité à changer de sexe au cours des différentes étapes de sa vie et son camouflage, des chercheurs ont récemment découvert que sa peau pouvait « voir » son environnement.

Un nouveau « super-pouvoir » pour le labre capitaine

Lorsque le spécimen évoluant dans les eaux de Floride s’est dirigé vers l’appât de la canne à pêche de la biologiste Lori Schweikert, il ignorait probablement qu’il allait connaître une fin prématurée et être à l’origine d’une découverte scientifique. Une fois le poisson remonté, la chercheuse a constaté avec étonnement que sa peau prenait le motif du pont de son bateau, alors même qu’il n’était plus en vie.

À l’instar de nombreuses créatures changeant de couleur, le labre capitaine possède une couche de cellules cutanées pigmentées, appelées chromatophores. Lorsque les pigments en question se rapprochent ou s’éloignent, sa peau change de teinte. Chez certains animaux, ce processus peut être déclenché visuellement : les yeux détectent un prédateur, entraînant l’envoi d’un message au cerveau qui, en réponse, transmet un signal aux chromatophores.

Publiés dans la revue Nature Communications, ces travaux visaient spécifiquement à identifier le mécanisme en jeu lorsque les yeux et le cerveau n’étaient pas impliqués. L’utilisation de la microscopie a révélé la présence d’une couche sous-jacente, remplie d’une protéine détectant la lumière appelée opsine qui, associée aux chromatophores, formait une boucle de rétroaction.

Peau de labre capitaine vue au microscope. Chaque point est un chromatophore, renfermant des pigments dont le déplacement entraîne un changement de teinte — © Lorian Schweikert et al. / Nature Communications 2023

« Ces animaux peuvent littéralement prendre une photo de leur propre peau de l’intérieur »

Si le biais précis par lequel les opsines communiquent avec les chromatophores, situés juste au-dessus, reste encore obscur, les signaux transmis déclenchent le déplacement des pigments et un changement de teinte et de motif, permettant au labre de se fondre dans son environnement.

« Ces animaux peuvent littéralement prendre une photo de leur propre peau de l’intérieur », illustre Sönke Johnsen, co-auteur de l’étude.

Selon l’équipe, de telles découvertes pourraient notamment permettre d’améliorer les performances des dispositifs de camouflage optique, et d’autres technologies basées sur des boucles de rétroaction sensorielle.

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