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© Elizabeth J. Rizor et al.

Les changements d’humeur chez les femmes pendant leurs menstruations ne sont plus un secret. Si l’on attribue essentiellement ces perturbations aux fluctuations hormonales pendant les règles, les experts se sont longtemps demandé si ce n’était pas également lié à des changements structurels au niveau du cerveau. Pour la première fois, des scientifiques ont obtenu des preuves à ce sujet.

L’impact du cycle menstruel ne se limite pas au système reproductif

Le cycle menstruel est souvent considéré comme un simple inconvénient ou un simple processus de reproduction qui provoque des changements anatomiques temporaires accompagnés de fluctuations émotionnelles et cognitives sans grande importance. Il s’agit pourtant d’une force dynamique qui façonne l’architecture et le fonctionnement du cerveau des femmes. En effet, les fluctuations hormonales complexes qui régulent le cycle menstruel n’affectent pas seulement les organes reproducteurs, elles façonnent également le cerveau.

Au-delà du flux et reflux mensuel d’hormones comme l’œstrogène et la progestérone qui déterminent les changements physiologiques dans l’utérus et les ovaires, il existe un lien complexe entre ces hormones et la dynamique structurelle et fonctionnelle du cerveau. Dans une nouvelle étude, les chercheurs de l’université de Californie à Santa Barbara se sont penchés sur ces changements structurels du cerveau pendant les règles. Ainsi, pour la première fois, ils ont mis en évidence la manière dont cela se produit.

D’après les résultats de l’étude prépubliée sur bioRxiv, il a été constaté que les fluctuations des hormones ovariennes au cours du cycle menstruel s’étendent au-delà des régions généralement associées au cycle menstruel. Elles entrainent également des changements structurels dans d’autres régions cruciales du cerveau, en particulier dans les régions vitales pour la fonction cognitive. Pour aboutir à leurs conclusions, les chercheurs ont suivi 30 femmes menstruées au cours de leurs cycles.

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— Brocreative/Shutterstock.com

Des changements au niveau des matières grises et blanches du cerveau

Ils ont documenté les fluctuations des niveaux d’hormones ainsi que les changements correspondants dans le cerveau. Il est important de noter que, jusqu’à présent, la recherche s’est surtout concentrée sur la manière dont les fluctuations d’hormones pendant la menstruation affectent la communication cérébrale lors des tâches cognitives, plutôt que sur leur impact sur les structures cérébrales elles-mêmes. Pour combler cette lacune, l’équipe de recherche a effectué des IRM des participantes pendant trois phases menstruelles.

Notons que ces phases sont la phase folliculaire (avant la libération de l’ovule), la phase ovulatoire (à la libération de l’ovule) et la phase lutéale (après la libération de l’ovule). Les résultats ont révélé qu’à mesure que les niveaux d’hormones fluctuent, les volumes de matière grise et blanche dans le cerveau, ainsi que le volume de liquide céphalo-rachidien, subissent des changements. Rappelons que la substance blanche dans le cerveau est responsable du transfert d’informations entre les zones de matière grise.

Quant à la matière grise, c’est un tissu du cerveau et de la moelle épinière qui contrôle la fonction mentale, la mémoire, les mouvements et les émotions. Ainsi, des changements dans la substance blanche indiquant un transfert d’informations plus rapide ont été observés juste avant l’ovulation, lorsque les niveaux de 17β-estradiol et d’hormone lutéinisante augmentaient. À l’inverse, la baisse des niveaux de progestérone après l’ovulation était associée à une augmentation du volume tissulaire et à une diminution du volume du liquide céphalo-rachidien. Par ailleurs, découvrez comment les menstruations ont été utilisées pour manipuler et blâmer les femmes à travers l’histoire.

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