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Découverte de mystérieux manuscrits du Moyen Âge reliés avec de la peau de phoque

Cette étude révèle l'existence d'un réseau commercial entre les pays vikings et des monastères français, anglais et belges

manuscrit
Image d’illustration — Virag Nobile / Shutterstock.com

Une récente analyse ADN de dizaines de livres des XIIe et XIIIe siècles fabriqués à la main et découverts dans des monastères européens révèle qu’ils étaient reliés avec de la peau de phoque achetée par des commerçants nordiques. Explications.

Un trafic de peau de phoque

Les résultats de cette analyse ont été publiés dans la revue Royal Society Open Science. L’équipe de chercheurs qui l’a réalisée a soumis 32 livres médiévaux à des analyses biocodicologiques, autrement dit une série de méthodes visant à révéler des informations biologiques conservées dans des livres de type codex.

Les codex médiévaux étaient écrits sur des morceaux de parchemin en peau animale, reliés entre eux par du bois, du cuir, de la corde ou du fil. Certains étaient également recouverts d’une seconde couche protectrice, appelée chemise, souvent en peau de sanglier ou de cerf. Mais dans notre cas, certains livres étaient reliés avec de la peau de phoque provenant du nord-ouest de l’océan Atlantique. Ils y étaient chassés aux XIIe et XIIIe siècles pour leur peau qui était ensuite échangée par les descendants nordiques des Vikings avant de servir de couvertures de livres.

Manuscrit Moyen Age
© Élodie Lévêque et al.

Des peaux d’origine nordique

Les chercheurs ont commencé leurs recherches à la bibliothèque de l’abbaye de Clairvaux, en Champagne, en France, qui abrite 1 450 livres médiévaux produits par les scribes de cette abbaye cistercienne. En étudiant 19 livres créés entre 1140 et 1275, ils ont utilisé la spectrométrie de masse, une technique permettant de révéler la composition chimique d’un objet, et l’analyse d’ADN ancien pour révéler qu’ils étaient tous reliés avec de la peau de pinnipèdes, un groupe qui comprend les phoques.

Résultat : ils ont identifié les espèces de pinnipèdes dont provenaient huit des peaux, en identifiant les phoques communs, les phoques du Groenland et les phoques barbus. De plus, ils ont pu déterminer que les phoques provenaient d’une zone géographique étonnamment diversifiée, incluant la Scandinavie, le Danemark, l’Écosse et le Groenland ou l’Islande.

« Les peaux provenaient soit du commerce, soit de la dîme de l’Église », a déclaré à Live Science Élodie Lévêque, auteure principale de l’étude et experte en conservation de livres à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. « Il est peu probable que ces reliures aient existé sans la disponibilité de peaux de phoque d’origine nordique. »

Un réseau commercial « vaste et solide »

Les chercheurs précisant dans leur étude : « L’utilisation répandue de peaux de phoque dans les bibliothèques médiévales a remis en question les hypothèses antérieures sur les espèces utilisées pour relier les livres. Elle a également révélé que le réseau commercial entre les Scandinaves du Groenland et les abbayes de France était vaste et solide. Mais il n’existe aucune corrélation évidente entre le contenu réel des livres et l’utilisation de couvertures en peau de phoque, et aucune explication écrite de l’utilisation de peaux de phoque dans la reliure des livres n’a survécu. »

« Les reliures blanches et duveteuses caractéristiques ont donc pu être appréciées uniquement pour leurs qualités visuelles et environnementales, plutôt que pour une quelconque connaissance de leur origine zoologique et géographique », a conclu Élodie Lévêque.

Par ailleurs, l’un des plus beaux manuscrits du Moyen Âge est disponible en ligne.

― Tarpan / Shutterstock.com

Par Cécile Breton, le

Source: Live Science

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