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— steve estvanik / Shutterstock.com

De nouvelles données suggèrent que d’importantes sécheresses auraient motivé les incursions des hordes d’Attila dans l’est de l’Empire romain au cours du Ve siècle de notre ère, ayant finalement conduit à son effondrement.

Stress climatique et incursions hunniques

En tant qu’organismes à longue durée de vie, les arbres peuvent fournir aux scientifiques un aperçu précieux du passé et du climat de notre planète. Si l’analyse de leurs cernes avait précédemment permis la mise en évidence d’une inversion de son champ magnétique il y a 42 000 ans et d’une tempête de radiations cosmiques au XIIIe siècle, une équipe de l’université de Cambridge a récemment pu déterminer que la Hongrie actuelle, qui se trouvait alors aux frontières de l’Empire romain, avait connu des étés anormalement secs aux IVe et Ve siècles, à l’origine de graves sécheresses entre 420 et 450 de notre ère.

Cette période correspond aux migrations massives intervenues durant ce que les historiens appellent communément les invasions barbares, entre 300 et 700 de notre ère, au cours desquels les Huns d’Attila ont violemment attaqué les terres revendiquées par Rome. Si la soif de richesses et de territoires est généralement considérée comme le principal facteur ayant motivé ces incursions, la nouvelle étude, publiée dans le Journal of Roman Archaeology, suggère que la faim a également joué un rôle important.

Selon les chercheurs britanniques, la sécheresse ayant frappé la région à cette époque aurait entraîné de mauvaises récoltes et une diminution de la surface de pâturages disponible, poussant les tribus à quitter leurs foyers pour chercher de la nourriture dans d’autres régions. Une hypothèse appuyée par l’analyse des squelettes de cinq anciens cimetières de la région, indiquant que de nombreux individus de l’époque avaient été amenés à modifier significativement leur régime alimentaire.

Emplacements historiquement recensés de l’activité hunnique. Les flèches indiquent les itinéraires supposés des principaux raids — © Susanne E. Hakenbeck / Ulf Büntgen / Journal of Roman Archaeology 2022

« Face à cette pénurie extrême de ressources, les populations sédentaires auraient pu être contraintes de se déplacer, de diversifier leurs pratiques de subsistance et de passer de l’agriculture à l’élevage mobile », souligne Susanne Hakenbeck, co-auteure de l’étude. « Cela aurait pu constituer une stratégie payante en cas de ralentissement climatique. »

« Le climat modifie les ressources environnementales et cela peut amener les gens à prendre des décisions n’étant pas nécessairement rationnelles »

Si l’équipe reconnaît que des recherches supplémentaires devront être menées pour confirmer cette théorie, elle rappelle qu’Attila avait réclamé « une bande de terre large de cinq jours de voyage » le long du Danube suite à des attaques contre les enclaves romaines de Thrace et d’Illyricum, suggérant que les Huns avaient besoin de ces territoires pour fournir un meilleur pâturage à leur bétail en cas de sécheresse.

« Le climat modifie les ressources environnementales et cela peut amener les gens à prendre des décisions n’étant pas nécessairement rationnelles, qui affectent leur économie et leur organisation sociale et politique », avance Hakenbeck. « Cet exemple historique montre que les humains réagissent au stress climatique de manière complexe et imprévisible, et que les solutions à court terme peuvent avoir des conséquences négatives sur le long terme. »

Par coïncidence, la Hongrie vient de connaître sa pire sécheresse depuis le début des relevés météorologiques. Selon le portail agricole néerlandais Agroberichten Buitenland, quelque 300 000 hectares de maïs et 200 000 de tournesol ont été perdus, avec des dommages estimés à plus d’un milliard d’euros.

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