
Une récente étude suggère que des restes humains découverts à York, en Angleterre, pourraient appartenir à un gladiateur romain mort lors d’un combat contre un grand félin, peut-être un lion, il y a près de 1 800 ans. Cependant, tous les chercheurs ne s’accordent pas sur ces conclusions. Certains pensent que l’homme n’était pas un gladiateur, mais peut-être un prisonnier condamné.
Un squelette au passé sanglant
Découverts entre 2004 et 2005 dans l’ancienne ville romaine d’Eboracum (aujourd’hui York), les ossements d’un homme âgé de 26 à 35 ans présentent des marques de morsures. Selon les chercheurs à l’origine de l’étude, publiée dans la revue PLOS One, les morsures sur les os correspondent à celles d’un grand félin, probablement un lion. « Les marques sont cohérentes avec des morsures de grands félins bien documentées », précise l’équipe.
Ce qui est certain, c’est que cet individu a été décapité, peut-être pour abréger ses souffrances ou par respect des pratiques funéraires de l’époque. « La décapitation visait probablement à mettre fin à ses souffrances ou à respecter les coutumes en vigueur », expliquent les auteurs de l’étude.
L’étude suggère que l’homme aurait été tué lors d’un combat contre l’animal, possiblement dans un amphithéâtre romain de la ville. Bien qu’aucune trace directe de cette structure n’ait été retrouvée, il est probable qu’une grande ville comme York, qui abritait une légion romaine, disposait d’un tel lieu.

Gladiateur ou prisonnier condamné ?
L’identité de la victime reste sujette à débat. D’après John Pearce, archéologue au King’s College de Londres et co-auteur de l’étude, deux hypothèses sont envisageables : soit la victime était un gladiateur entraîné, armé pour affronter le fauve, soit il s’agissait d’un condamné envoyé à la mort, attaché ou sans défense.
Pour Pearce, la thèse du gladiateur est plus probable. « Le cimetière dans lequel il a été enterré est clairement associé aux gladiateurs », a-t-il expliqué. D’autres squelettes retrouvés sur le site portent des blessures compatibles avec des combats réguliers, comme des fractures cicatrisées. Selon Timothy Thompson, anthropologue médico-légal et premier auteur de l’étude, plusieurs corps présentent aussi des signes de décapitation, une pratique parfois utilisée pour achever les gladiateurs vaincus.
Jusqu’à présent, les combats entre humains et animaux dans l’Empire romain étaient principalement documentés par des textes ou des représentations artistiques. Cette découverte représente la première preuve physique de tels affrontements en Europe, selon les chercheurs.
Si l’hypothèse du lion est correcte, les chercheurs supposent que le grand félin aurait été transporté jusqu’à York via un réseau de routes, fleuves et voies maritimes bien établis. Étant donné qu’aucune espèce féline de cette taille n’était native de Grande-Bretagne, l’animal aurait probablement été importé d’Afrique du Nord. Le voyage aurait été particulièrement éprouvant pour l’animal, transporté en cage ou en caisse. Selon Pearce, nourrir un tel prédateur sans danger aurait également été un défi pour les personnes en charge de son transport.

Des avis partagés dans la communauté scientifique
L’étude, bien que fascinante, ne fait pas l’unanimité. Alfonso Mañas, expert des gladiateurs à l’université de Californie, doute que cet homme ait été un gladiateur. Selon lui, les combats contre des animaux étaient généralement réservés soit à des condamnés, soit à des venatores (des chasseurs formés), qui n’étaient pas considérés comme des gladiateurs. Mañas propose également que les marques de morsures pourraient provenir de loups, indigènes en Grande-Bretagne, et non d’un lion. Il est possible que l’homme ait été exécuté par décapitation et que son corps ait ensuite été attaqué par des loups ou des chiens.
À l’inverse, d’autres chercheurs estiment que les résultats sont crédibles. Jordon Houston, de l’université d’Auckland en Nouvelle-Zélande, salue la rigueur de l’article et trouve les conclusions stimulantes. Michael Carter, professeur à l’université Brock au Canada, juge l’analyse convaincante. Selon lui, les marques sur les os correspondent bien à celles d’un grand félin, et l’idée d’un homme condamné aux bêtes semble plausible.
Mike Bishop, spécialiste indépendant de l’armée et des gladiateurs romains, voit dans cette étude la confirmation d’un soupçon de longue date. Les spectacles sanglants entre hommes et grands animaux avaient bien lieu dans les provinces du nord-ouest de l’Empire romain. Par ailleurs, des archéologues font une découverte inattendue en ouvrant le tombeau d’un gladiateur.

Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Live Science
Étiquettes: lion, Gladiateur
Catégories: Histoire, Actualités