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Les femmes détenaient le pouvoir dans des tribus celtes de Grande-Bretagne, selon une étude

Ces sociétés étaient manifestement très différentes de celles qui ont émergé sous l'influence romaine

boudicca
Boudicca, une reine guerrière redoutable — Philip Bird LRPS CPAGB / Shutterstock.com

Des analyses génétiques réalisées sur des populations de l’âge du fer en Grande-Bretagne révèlent que les femmes occupaient une place centrale dans leurs communautés. Ces découvertes montrent que les femmes restaient dans leurs foyers ancestraux, tandis que les hommes provenaient d’autres communautés, suggérant que les réseaux sociaux étaient construits autour des femmes.

Des découvertes archéologiques uniques

Une étude génétique menée sur des individus enterrés il y a environ 2 000 ans dans le sud de l’Angleterre confirme que les sociétés celtiques britanniques donnaient une importance particulière aux femmes. Cette organisation, où les femmes perpétuaient les traditions familiales, a duré plusieurs siècles. Ces conclusions renforcent également des récits écrits par les Romains, décrivant le rôle important des femmes dans ces sociétés.

Depuis 2009, des fouilles dans un cimetière de l’âge du fer situé à Winterborne Kingston, dans le Dorset, ont permis de mettre au jour les restes d’individus appartenant à la tribu des Durotriges. Cette tribu vivait dans le sud de l’Angleterre entre 100 av. J.-C. et 100 apr. J.-C. et parlait probablement une langue celtique. Contrairement à d’autres populations de l’époque, qui pratiquaient l’incinération ou déposaient leurs morts dans des marécages, les Durotriges enterraient leurs défunts dans des cimetières, ce qui a favorisé la préservation de leurs restes.

Les objets précieux retrouvés dans les tombes féminines suggèrent que les femmes jouissaient d’un statut élevé, ce qui semble indiquer une organisation sociale centrée sur elles.

Une analyse génétique révélatrice

L’équipe dirigée par Lara Cassidy, du Trinity College de Dublin, a analysé les génomes de 55 individus découverts sur le site. L’étude a permis de reconstituer les liens de parenté entre ces individus, ainsi que leurs relations avec d’autres populations européennes de l’âge du fer. Deux découvertes majeures ont émergé de cette analyse, grâce à l’étude de l’ADN mitochondrial, transmis uniquement par la lignée maternelle.

La première surprise a été de constater que plus des deux tiers des individus partageaient le même ADN mitochondrial, suggérant qu’ils descendaient tous d’une même ancêtre féminine vivant plusieurs siècles auparavant. Cette découverte est une signature claire d’une organisation matrilocale, où les hommes quittent leur communauté pour rejoindre celle de leur partenaire féminine, une pratique inédite dans l’Europe préhistorique, où la patrilocalité était la norme.

Pour savoir si ce modèle matrilocal était unique aux Durotriges ou répandu en Grande-Bretagne, Cassidy a analysé des données génétiques issues d’autres études. Elle a constaté que, dans de nombreux cimetières britanniques, la majorité des individus descendaient de quelques lignées maternelles. Cela confirme que les femmes de l’âge du fer étaient relativement autonomes et jouissaient d’un rôle central dans leurs communautés.

Une société centrée sur les femmes

Selon Cassidy, les pratiques matrilocales favorisent généralement les femmes en les maintenant au sein de leurs réseaux familiaux. Dans les sociétés modernes où ce modèle est observé, les femmes jouent souvent un rôle clé dans la production alimentaire et l’économie locale, tandis que les hommes, en tant qu’étrangers dans la communauté, dépendent du soutien de leur belle-famille.

Bien que les hommes occupent souvent des postes d’autorité formelle, les femmes exercent une influence significative grâce à leurs liens familiaux solides et à leur rôle central au sein de la communauté.

L’analyse génétique a également révélé des vagues migratoires vers le sud de la Grande-Bretagne entre 2500 et 1200 av. J.-C., à l’âge du bronze, ainsi qu’à la fin de l’âge du fer, à l’époque des Durotriges. Ces migrations concordent avec des preuves archéologiques, faisant de cette région un carrefour culturel et génétique. En ce qui concerne les langues celtiques, il est probable qu’elles aient été introduites en Grande-Bretagne entre 1000 et 875 av. J.-C., bien que les nouvelles données suggèrent qu’elles pourraient avoir été apportées lors de plusieurs vagues migratoires. Pour aller plus loin, découvrez Boudicca, l’héroïne celte dont la tombe reste introuvable.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: New Scientist

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