femmes gladiateurs

Dans la Rome antique, il n’était pas rare de pouvoir assister à des combats de gladiateurs dans les arènes. Dans le but de divertir le public, ces hommes, mais aussi ces femmes, combattaient en duel, ou contre des animaux. S’il existe que très peu de représentations des femmes gladiateurs, ou gladiatrices, il était toutefois coutume de voir ces femmes combattantes fouler le sol des arènes lors de la période de la République de Rome et l’Empire romain. Retour sur l’histoire de ces femmes gladiateurs, féroces combattantes, qui connurent le même succès que leurs comparses masculins.

Des femmes gladiateurs ?

Lorsque nous parlons de gladiateurs, nous avons souvent l’image d’hommes munis de glaive ou de trident, combattant dans une arène en folie, sous les applaudissements des Romains venus se divertir dans la Rome antique. Toutefois, et contrairement aux idées reçues, les hommes n’étaient pas les seuls à se battre dans les arènes. Effectivement, même si la plupart des représentations des gladiateurs (iconographies, textes littéraires, etc.) montrent des gladiateurs de sexe masculin, il existe quelques traces de femmes gladiateurs.

Effectivement, la présence de gladiatrix (terme moderne pour désigner des femmes gladiateurs), durant la période de la République et l’Empire romain, a été attestée par plusieurs auteurs comme Suétone, Tacite, Pétrone ou Juvénal. Ainsi, Suétone écrit dans Vie des douze Césars que l’empereur Donitien a organisé des venationes et des spectacles nocturnes de gladiateurs et de gladiatrices, à la lueur des torches. Ces dernières auraient combattu les unes contre les autres, contre des animaux, ou encore contre des nains. Pétrone écrit dans Satyricon avoir assisté à un spectacle essedarius durant lequel une femme, sur un char à la façon celtique, se battait contre des hommes. Tacite décrit que l’empereur Néron avait offert, en 63, un spectacle mettant en scène des femmes gladiateurs. Juvénal, quant à lui, dépeint des femmes s’entraînant à frapper le palus (poteau), sous Flavius et Trajan.

Gladiatrice
Bas-relief de deux gladiatrices, nommées Amazonia et Achillea

Au cours des années, les archéologues ont découvert d’autres témoignages de l’existence de gladiatrices. Comme la sépulture de Great Dover Street Woman, une statue en bronze exposée au Museum für Kunst und Gewerbe. Ou encore le bas-relief d’Halicarnasse, datant du Ier ou IIe siècle, et représentant un combat entre Achillea et Amazonia.

Qui étaient les gladiatrices ?

Mais alors qui étaient ces femmes ? Si la plupart des gladiateurs étaient des esclaves ou des prisonniers de guerre, il semblerait que cela ait été légèrement différent pour les femmes. En effet, un texte sénatorial datant de l’an 11 interdit à toute femme « née libre » de moins de 20 ans de participer aux jeux publics. En l’an 19, un autre décret sénatorial interdit à toute femme avec un lien de parenté avec un sénateur de se présenter dans une arène. De ce fait, des femmes de la haute société romaine auraient bien participé à ces combats de gladiatrices. Toutefois, il arrivait que des esclaves, ou des femmes de statut social bas, combattent en tant que gladiatrices. A noter qu’il est fort possible que certaines de ces femmes aient été volontaires.

Gladiatrice victorieuse
Gladiatrice victorieuse brandissant une sica – musée de Hambourg

Si les combats de gladiatrices ont connu un certain succès après des foules, il n’en était pas de même auprès de leurs contemporains. Tacite écrit d’ailleurs : « La même année, des spectacles de gladiateurs ont été aussi magnifiques que ceux du passé. Beaucoup de dames de distinction, cependant, et les sénateurs, se déshonorèrent en apparaissant dans l’amphithéâtre. » De même, Juvénal est plein de moqueries pour ces femmes dans ses Satires. Ces dernières étant pour lui un exemple de dépravation. En effet, si les gladiateurs combattaient torse nu, les gladiatrices étaient elles aussi déshabillées. Bien entendu, dans une Rome patriarcale où la femme n’a que très peu de libertés, et se doit de correspondre aux visions traditionnelles, les gladiatrices étaient vues d’un très mauvais œil. Par conséquent, ces femmes étaient en totale contradiction avec leurs contemporains.

Entraînements et vie de gladiatrice

Si l’existence de femmes gladiateurs est donc avérée, il existe de nombreuses parts d’ombre. En effet, la vie de gladiateur impliquait d’entrer dans une école et de vivre dans le ludus. Mais aussi de prêter serment, semblable à celui rapporté par Pétrone : « Juravimus, uri, vinciri, verberari, ferroque necari et quidquid aliud jussisset, tanquam legitimi gladiatores, domino corpora, animasque religiosissime addicimus. » Qui peut se traduire de cette façon : « Nous lui prêtâmes serment de supporter le feu, les chaînes, les coups, la mort par le fer… Comme des gladiateurs régulièrement engagés, nous consacrons de la façon la plus totale à notre maître, et notre corps et notre vie. » Mais est-ce que les femmes gladiatrices faisaient de même ?

Malheureusement, il n’y a aucun témoignage sur ce sujet. Selon certains historiens, il se pourrait toutefois que des gladiatrices faisaient appel à des lanista pour des sessions privées d’entraînements. Ou encore que des gladiateurs devenus libres entraînaient leur propre fille à cet effet. La vie au ludus n’étant certainement pas envisageable pour une femme.

Interdiction de l’empereur Septime Sévère

Ainsi, des femmes auraient bel et bien foulé le sable des arènes romaines, et ce, même après l’interdiction de l’empereur Septime Sévère. Effectivement, ce dernier a promulgué un texte interdisant à toute femme de participer aux jeux publics en l’an 200. Cette interdiction trouverait son origine dans plusieurs faits. Premièrement, les gladiatrices étaient considérées comme des exemples de dépravation, et donc pouvaient menacer l’ordre social. Mais aussi, l’empereur semblait craindre que les femmes y voient une possibilité de participer aux Jeux olympiques en Grèce. Toutefois, il semblerait que ce décret concernait uniquement les femmes de haute naissance (feminae), et non les femmes de classes inférieures ou esclaves (mulieres). En effet, une inscription à Ostie, une ville portuaire proche de Rome, suggère qu’un certain Hostilianus, magistrat de la ville, avait autorisé des combats de gladiatrices. Cela bien après l’interdiction de l’empereur Septime Sévère.

Septime Sévère
Buste de Septime Sévère

A l’heure actuelle, nous ne pouvons pas savoir si les combats de gladiatrices étaient très répandus, ou simplement anecdotiques. Toutefois, selon l’écrivain Amy Zoll, les réactions des historiens antiques seraient une preuve que les combats de gladiatrices « pourraient être bien plus nombreux que les témoignages directs rapportés ».

Pour aller plus loin, découvrez 8 faits surprenants sur les femmes gladiateurs.

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