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— © Christian Lederer / Wikimedia Commons

Les répercussions des émissions de dioxyde de carbone (CO2) sur l’environnement sont de plus en plus préoccupantes. Une étude récente souligne la corrélation entre les niveaux de CO2 et les épisodes d’extinction massive dans l’histoire de la Terre. Cette recherche met en évidence les conséquences potentiellement dévastatrices des concentrations actuelles de CO2 sur la biodiversité.

Le passé prédit le présent 

Les chercheurs ont entrepris une enquête approfondie sur les variations historiques du CO2 atmosphérique et leurs relations avec les pertes de biodiversité. En étudiant 50 événements de déclin de la biodiversité au cours des 534 derniers millions d’années, ils ont identifié des schémas inquiétants. Les pics de pertes massives d’espèces semblent être étroitement liés aux pics de CO2. 

Si des mesures adéquates ne sont pas prises pour réduire les émissions de CO2, les projections indiquent que d’ici 2100, les concentrations atmosphériques pourraient atteindre 800 parties par million en volume (ppmv). Cela représenterait près du double de la concentration actuelle d’environ 421 ppmv enregistrée cette année.

Les activités humaines telles que la combustion de combustibles fossiles et la conversion des terres pour l’agriculture sont les principales responsables de cette augmentation alarmante. Selon une étude publiée dans la revue Earth’s Future, ce scénario serait proche de la moyenne des concentrations associées aux grandes extinctions marines au cours des 534 derniers millions d’années, qui étaient de 870 ppmv. 

Lien entre le CO2 et les extinctions massives

L’étude offre une perspective sur la manière dont le CO2 et les extinctions évoluent de manière synchronisée. Les chercheurs ont constaté que les concentrations de CO2 correspondent aux fluctuations de la biodiversité marine dans les archives fossiles. Cette corrélation entre l’augmentation du CO2 et l’augmentation des extinctions, ainsi que leur diminution simultanée, renforce l’idée d’un lien potentiellement causal.

« La relation entre le dioxyde de carbone dans le passé et l’extinction dans le passé nous donne une sorte d’étalon que nous pouvons appliquer au présent », a déclaré l’auteur de l’étude, William Jackson Davis, biologiste et président de l’Institut d’études environnementales à Santa Cruz (Californie), un organisme à but non lucratif.

L’une des manières dont le CO2 influence la biodiversité est par l’acidification des océans. À mesure que les océans absorbent davantage de CO2 atmosphérique, leur acidité augmente, réduisant ainsi la disponibilité des ions de carbonate de calcium. Ces ions sont essentiels à la construction des squelettes et des coquilles des organismes marins. Lorsque cette acidification perturbe la chaîne alimentaire marine, elle peut déclencher des extinctions massives.

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Incidence sur la situation actuelle

Les estimations basées sur les données actuelles révèlent des pertes de biodiversité comparables aux extinctions passées. La concentration actuelle de CO2 dans l’atmosphère, à 421 ppmv, est prédictive d’une perte de biodiversité de l’ordre de 6,39 %. Cette proportion rejoint celle de la plus petite « extinction massive » identifiée dans l’étude, dénommée « événement d’extinction n°10 », qui a entraîné la disparition de 6,4 % des espèces il y a 132,5 millions d’années.

Les spécialistes définissent généralement les extinctions massives comme la perte de 75 % des espèces sur des périodes géologiques courtes, moins de 2,8 millions d’années. Selon cette classification, cinq de ces événements ont marqué l’histoire de la Terre, et un sixième est potentiellement en cours. 

Toutefois, l’étude élargit cette perspective en identifiant 45 autres pics de perte de biodiversité pouvant également être considérés comme des extinctions massives. L’analyse repose sur la définition de « l’extinction de masse », où des pertes significatives de biodiversité sont accompagnées de valeurs inférieures.

Les conclusions de cette étude soulignent l’urgence d’agir pour réduire les émissions de CO2. Selon M. Davis, l’augmentation continue des concentrations de CO2 de plus de 2 ppmv par an pourrait entraîner une perte de biodiversité de l’ordre de 10 % au cours des prochaines décennies. Les scientifiques et les décideurs sont confrontés à un défi crucial : prendre des mesures drastiques pour freiner la hausse des émissions et atténuer les effets potentiels sur la biodiversité.

Par ailleurs, le niveau de CO2 a atteint un record jamais vu depuis 4 millions d’années.

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