Une nouvelle étude remet en cause l’idée que les Néandertaliens auraient enterré un de leurs morts sur un lit de fleurs il y a environ 75 000 ans. Selon les chercheurs, le pollen trouvé sous les restes d’un homme néandertalien dans la grotte de Shanidar, en Irak, serait plutôt dû à l’activité d’abeilles fouisseuses.
L’hypothèse de l’« enterrement de fleurs »
L’interprétation de l’enterrement floral date des années 1950 et 1960, lorsque des archéologues ont découvert plusieurs sépultures néandertaliennes dans la grotte de Shanidar, située dans les montagnes du Kurdistan irakien. Ces sépultures étaient les premières preuves que les Néandertaliens, cousins éloignés des humains modernes, pratiquaient des rites funéraires.
L’une des sépultures, appelée Shanidar 4, devenue célèbre sous le nom de « sépulture de fleurs », a attiré l’attention lorsque les chercheurs ont identifié des grains de pollen provenant de plantes à fleurs sous les ossements d’un homme néandertalien. Ils ont alors suggéré que les Néandertaliens avaient déposé des fleurs sur le corps du défunt, témoignant ainsi de leur sensibilité et de leur respect.
La remise en cause par les abeilles
Dans la nouvelle étude, publiée dans le Journal of Archaeological Science, une équipe de chercheurs dirigée par Chris Hunt, paléoécologiste à l’université John-Moores de Liverpool au Royaume-Uni, a réexaminé les preuves du pollen de Shanidar 4 et a proposé une explication alternative : des abeilles fouisseuses.
Ces abeilles, qui creusent des terriers dans le sol, auraient pu transporter du pollen collecté sur les fleurs et le déposer dans la terre sous le corps du Néandertalien. Les chercheurs ont observé des traces d’anciens terriers d’abeilles tapissés de boue à proximité de Shanidar 4 lors de leurs fouilles en 2016.
Ils ont également remis en cause l’identification des espèces végétales à partir du pollen. Selon eux, les plantes en question ne fleurissent pas toutes à la même période de l’année, ce qui rend peu probable que les Néandertaliens les aient cueillies pour orner la sépulture. De plus, les amas mélangés de pollen ne correspondent pas à des fleurs entières, mais plutôt à des fragments dispersés par les abeilles.
Les limites de la datation
Les chercheurs n’ont pas pu dater directement le pollen ni les abeilles. Mais selon M. Hunt, « des expériences réussies ont permis de dater directement des grains de pollen ». Toutefois, la datation au radiocarbone des exosquelettes d’abeilles est difficile car « le niveau de Shanidar 4 est plus ancien que le radiocarbone ne peut s’étendre, soit environ 75 000 ans ».
La méthode du radiocarbone ne peut remonter au-delà de 50 000 ans pour avoir une datation précise. Ils pensent toutefois que le pollen est contemporain du “fleurissement” néandertalien, qui aurait eu lieu il y a environ 75 000 ans.
Angie Perrotti, une palynologue qui n’a pas participé à l’étude, a déclaré que Hunt et ses collègues avaient présenté un « argument convaincant » pour l’introduction du pollen par des abeilles fouisseuses. Elle a souligné l’importance d’un échantillonnage précis et d’un archivage systématique des échantillons de sédiments et de pollen pour permettre la reproductibilité des recherches antérieures.
Les autres indices sur les rites funéraires néandertaliens
Si le travail de Hunt et de ses collègues est mis à mal, les sépultures de Shanidar demeurent cruciales pour notre compréhension des rituels d’inhumation néandertaliens. Ils notent également que des échantillons de “tissus ligneux” prélevés sur le site pourraient être la clé pour en savoir plus sur leurs rites funéraires.
Hunt, tout en avançant que les Néandertaliens utilisaient peut-être des végétaux pour protéger leurs morts, souligne que les preuves demeurent sujettes à interprétation. Ainsi, l’énigme de l’enterrement de fleurs continue d’inviter à de nouvelles recherches et découvertes fascinantes.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Live Science
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