neandertaliens-denisoviens
— Gorodenkoff / Shutterstock.com

De nouvelles recherches indiquent que la modification de l’orbite de la Terre autour du Soleil il y a des centaines de milliers d’années a entrainé des bouleversements climatiques majeurs, ayant permis aux Néandertaliens et aux Dénisoviens d’étendre leurs habitats et de se rencontrer.

Retracer l’évolution des schémas de répartition des deux espèces

À l’échelle de dizaines, voire de centaines de milliers d’années, diverses espèces humaines ont été amenées à se croiser. Les conséquences de ces rencontres sont encore visibles dans les génomes humains modernes : les gènes néandertaliens représentent environ 2 % de l’ADN des populations non africaines, tandis que celles d’Asie du Sud-Est et d’Océanie partagent jusqu’à 5 % de leur génome avec les Dénisoviens.

En 2018, les ossements vieux de 90 000 ans d’un individu de sexe féminin, né d’un père dénisovien et d’une mère néandertalienne, avaient été découverts en Sibérie. Afin de déterminer où et quand ces deux espèces s’étaient métissées, les chercheurs ont examiné l’âge et l’emplacement de 22 artefacts dénisoviens et de 773 restes néandertaliens. Associées à des données génétiques et des simulations climatiques avancées, ces informations leur ont permis de retracer l’évolution des schémas de répartition de ces deux lignées au fil du temps.

« Leurs habitats de prédilection étaient séparés géographiquement, les Néandertaliens préférant généralement le sud-ouest de l’Eurasie et les Dénisoviens le nord-est », explique Jiaoyang Ruan, auteur principal de la nouvelle étude, publiée dans la revue Science.

—Jamen Percy/Shutterstock.com

L’équipe a toutefois découvert que durant les périodes interglaciaires chaudes (lorsque l’orbite de la Terre autour du Soleil était plus elliptique et que les températures augmentaient), l’évolution des niveaux de CO2 avait conduit à des changements spectaculaires dans la couverture végétale de l’hémisphère nord, entraînant l’expansion vers l’est des forêts tempérées, et la formation de couloirs de migration pour les Néandertaliens vers le territoire des Dénisoviens, avec des « points chauds de contact » en Eurasie centrale et dans le Caucase.

Six épisodes distincts de métissage

Selon Ruan, une forte probabilité de contact Dénisoviens/Néandertaliens a été mise en évidence dans l’Altaï sibérien, principalement pendant les périodes interglaciaires. Ce qui correspondait étroitement aux données génétiques, indiquant au moins six épisodes distincts de métissage entre les deux espèces.

Parmi ces épisodes, les chercheurs ont pu en retracer cinq en Sibérie centrale et méridionale pendant la période interglaciaire intervenue il y a 130 000 à 80 000 ans. Le sixième, selon eux, serait survenu un peu plus tôt en Europe de l’Est.

Dans l’ensemble, les auteurs de l’étude affirment que leurs résultats mettent en évidence le fait que « les variations climatiques glaciaires-interglaciaires ont probablement joué un rôle important en favorisant le brassage génétique entre les humains archaïques ».

S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments