Squelette Hirota
Squelette présentant un aplatissement caractéristique de l’arrière du crâne. La découverte de nombreux accessoires en coquillage témoigne de leur importance économique et culturelle pour les Hirota — The Kyushu University Museum

Des analyses d’ossements vieux de 1 800 ans ont révélé que leur forme étrange n’était pas le fruit d’un accident ou d’une bizarrerie génétique, confirmant ainsi que les anciens habitants d’une île japonaise déformaient intentionnellement le crâne de leurs enfants.

Modification crânienne intentionnelle

Impliquant le modelage du crâne d’un individu peu après sa naissance pour en changer définitivement la forme, la modification crânienne intentionnelle (MCI) est une pratique ancienne, utilisée dans le monde entier depuis des siècles. Au Japon, on soupçonnait depuis longtemps que le peuple Hirota, qui vivait sur l’île de Tanegashima entre le troisième et le septième siècle de notre ère, y avait également recours.

Entre le milieu du XXe siècle et le début des années 2000, les excavations d’un site funéraire hirota avaient révélé des squelettes aux crânes anormalement courts et aplatis à l’arrière. Si une telle déformation, jamais observée ailleurs dans l’archipel nippon, suggérait l’usage d’un dispositif plat ou de cerclage, les chercheurs n’avaient jusqu’à présent jamais pu déterminer avec certitude si ces modifications crâniennes distinctives étaient délibérées ou la conséquence fortuite d’autres pratiques anciennes.

Afin d’en savoir plus, des chercheurs des universités de Kyushu et du Montana ont réalisé une analyse approfondie de ces ossements et les ont comparés à d’autres restes trouvés au Japon et remontant à la même époque. Combinant images 2D et scans 3D, ces travaux détaillés dans la revue PLOS ONE leur ont permis de conclure que les déformations résultaient de MCI.

crâne Hirota
Comparaison du crâne d’un individu Doigahama (A) à celui d’un Hirota (B) — © Seguchi et al. / PLOS ONE 2023

« Nos résultats ont révélé une morphologie crânienne distincte et une variabilité statistique significative entre les Hirota, les Jômon et les Doigahama », souligne Noriko Seguchi, auteur principal de la nouvelle étude. « La présence d’un dos aplati du crâne caractérisé par des changements dans l’os occipital, ainsi que des dépressions dans les parties du crâne qui relient les os, en particulier les sutures sagittales et lambdoïdales suggèrent fortement une modification crânienne intentionnelle. »

Un traitement concernant aussi bien les garçons que les filles

Selon Seguchi, l’absence de différences morphologiques significatives entre les sexes indique que les jeunes individus masculins et féminins étaient soumis au même traitement. Bien que les raisons derrière une telle pratique restent à ce stade obscures, elle aurait constitué un moyen pour les Hirota d’affirmer leur identité culturelle en se démarquant physiquement des autres communautés, et peut-être faciliter le commerce de coquillages sur de longues distances.

« Nos résultats contribuent de manière significative à notre compréhension de la pratique de la modification intentionnelle du crâne dans les sociétés anciennes », estime Seguchi. « Nous espérons que d’autres recherches dans la région permettront de mieux comprendre l’importance sociale et culturelle de cette pratique en Asie de l’Est et dans le reste du monde. »

Il y a quelques semaines, des archéologues avaient annoncé la découverte de crânes anciens en forme de cœur au Mexique.

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