Les archéologues au travail — © Fa-Gang Wang

Une récente série de fouilles, réalisées sur un site paléolithique bien préservé du nord de la Chine, a permis la mise en évidence d’une culture vieille de plusieurs dizaines de milliers d’années.

Un vaste ensemble d’artefacts

Décrites dans la revue Nature, ces importantes découvertes archéologiques sont intervenues sur le site de Xiambei, dans le bassin de Nihewan. Dans l’une de ses principales couches sédimentaires, les chercheurs de l’Institut Max Planck et de l’Académie chinoise des sciences ont mis au jour une série de petits outils en pierre et en os, ainsi que les plus anciennes preuves connues de traitement de l’ocre en Asie de l’Est.

La datation au radiocarbone de cette section de 290 cm de profondeur a permis d’établir qu’elle remontait à 40 000 ans environ. Bien qu’aucun reste d’hominidé n’ait été trouvé à Xiambei, la présence de fossiles humains modernes sur des sites proches suggère que les occupants de l’époque étaient probablement des Homo sapiens, bien que des échanges génétiques et culturels avec des groupes archaïques de Dénisoviens ou de Néandertaliens ne soient pas exclus.

Les différents types d’ocre découverts ont vraisemblablement été transportés à Xiambei et traités par pilonnage et abrasion afin de produire des poudres de couleur et de consistance différentes. Plusieurs des outils en forme de lame présentaient des signes évidents de fixation à un manche, et l’analyse des fonctions et des résidus suggère qu’ils avaient été utilisés pour percer, gratter des peaux, tailler des matières végétales et trancher des matières animales molles.

Lame extraordinairement bien conservée présentant des traces microscopiques d’un manche en os — © Andreu Ollé / Wang et al. / Nature 2022

D’après les chercheurs, ces artefacts à usages multiples munis d’un manche sont la preuve d’un processus technique complexe de transformation des matières premières que l’on ne retrouve pas sur des sites archéologiques plus anciens ou légèrement plus récents.

D’importantes implications pour les chercheurs

« La capacité des hominines à vivre sous des latitudes nordiques, dans des environnements froids et très saisonniers, a probablement été facilitée par l’évolution de leurs cultures », souligne Shixia Yang, auteure principale de l’étude. « Les découvertes faites à Xiambei nous aident à comprendre ces adaptations économiques, sociales et symboliques et leur rôle potentiel dans la migration humaine. »

Toujours selon la scientifique, les données recueillies en Asie de l’Est montrent que diverses adaptations étaient en cours lorsque les humains modernes sont arrivés dans la région il y a 40 000 ans, ce qui remet en question l’idée d’une innovation culturelle continue et l’existence d’un ensemble complet d’adaptations ayant permis aux premiers humains modernes, originaires d’Afrique, de se répandre dans le monde entier.

« Ces travaux montrent que les scénarios évolutifs actuels sont trop simplistes », estime Michael Petraglia, co-auteur de l’étude. « Les humains modernes, et notre culture, sont apparus à la suite d’épisodes répétés mais différents d’échanges génétiques et sociaux sur de vastes zones géographiques, plutôt que sous la forme d’une vague unique et rapide de dispersion à travers l’Asie. »

Artefacts utilisés pour travailler la pierre (A et B) et morceaux d’ocre (C, D, E) — © Fa-Gang Wang, Francesco d’Errico / Wang et al. / Nature 2022
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