En combinant analyse génétique et preuves généalogiques, des chercheurs ont pu établir l’identité du premier individu connu à avoir été cannibalisé lors de la tristement célèbre expédition polaire Franklin.
Une issue tragique
En mai 1845, le commandant John Franklin et ses 128 hommes quittaient l’Angleterre à la recherche de l’insaisissable passage du Nord-Ouest, entre les océans Atlantique et Pacifique. Leurs navires s’étant retrouvés pris dans les glaces, après de longs mois, les membres d’équipage avaient entrepris de rallier, à pied, le continent canadien. Une marche éprouvante de 400 kilomètres à laquelle aucun ne survivrait.
Au cours des dernières décennies, les épaves du HMS Terror et du HMS Erebus ont été localisées et fouillées, et les restes de nombreux membres de l’expédition découverts dans différentes parties de l’Arctique canadien.
Dans le cadre de travaux publiés dans le Journal of Archaeological Science : Reports, des chercheurs ont comparé l’ADN d’une molaire trouvée sur l’île du Roi-Guillaume au patrimoine génétique de descendants avérés des victimes de cette tragédie.
Ce travail d’investigation minutieux a permis d’établir que la mâchoire sur laquelle la dent avait été prélevée était celle de James Fitzjames, commandant du HMS Erebus, connu pour avoir rédigé le dernier rapport de l’expédition, évoquant la mort de John Franklin le 11 juin 1847, des pertes humaines totales s’élevant à 24 individus, et le départ des survivants pour la rivière Fish de Back.
La première victime identifiée de cannibalisme
Si des marques claires de cannibalisme avaient été observées sur plusieurs ossements, il s’avère que ceux de Fitzjames sont les témoignages les plus précoces de cette pratique sordide et désespérée.
« Cela illustre les conditions extrêmes auxquelles les membres survivants de l’expédition étaient confrontés », estime Douglas Stenton, archéologue à l’université canadienne de Waterloo et auteur principal de la nouvelle étude. « Ce cannibalisme de survie faisait partie des mesures désespérées qui n’ont en fin de compte que prolongé leurs souffrances. »
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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