HSM Investigator, navire de recherche envoyé pour l’expédition Frankllin

1845, l’expédition Franklin quitte l’Angleterre dans le but de localiser le célèbre passage du Nord-Ouest. Cependant, les deux navires et l’équipage disparurent mystérieusement. Bien que les chercheurs trouvèrent des effets personnels et des lettres, les cadavres présentant des signes de cannibalisme n’ont cessé d’alimenter le mystère de l’expédition Franklin.

La quête du passage du Nord-Ouest

Depuis près de quatre siècles, nombreuses furent les expéditions envoyées au Canada pour tenter de découvrir le célèbre passage du Nord-Ouest. Cette route maritime entre l’océan Atlantique et le Pacifique, traversant l’archipel arctique, permettrait d’ouvrir l’Europe sur l’Asie du Sud-Est. D’ailleurs, depuis la découverte des Amériques, plusieurs marins ont tenté cet exploit. Mais les expéditions furent des échecs. Ce n’est qu’au XIXe siècle que les marins cartographièrent le début du passage. En effet, le second secrétaire de l’amirauté britannique, Sir John Barrow, avait réussi à découvrir une partie du passage. Mais, ayant 82 ans, il se devait de laisser la place à un autre pour mener ce que serait peut-être la dernière expédition.

© Bourrichon / Wikipedia

L’expédition de Sir John Franklin

Sir John Franklin (1786-1847), capitaine anglais et explorateur de l’Arctique. – Collection de portraits de la bibliothèque de Dibner.

Officier de la Royal Navy et explorateur, Sir John Franklin ne fut pas le premier choix de Sir Barrow, mais il avait participé à trois expéditions en Arctique, dont celle de Coppermine. C’est donc en 1845 que l’expédition de 128 hommes et deux navires, le HMS Erebus et le HMS Terror, partit. L’expédition Franklin était considérée comme étant la mieux préparée. Effectivement, les deux navires possédaient deux épaisses couches de fer pour braver les glaces, des moteurs à vapeur, ainsi qu’une grande quantité de nourriture : 32 000 livres de viande en conserve, 1 000 livres de raisins secs et 580 gallons de cornichons. 

Le HMS Erebus et le HMS Terror firent escale en juillet 1845 pour faire un dernier approvisionnement. L’équipage des deux navires fut donc vu pour la dernière fois dans la baie de Disko, au Groenland. Effectivement, pendant près de trois ans, Sir John Franklin et son équipage ne donnèrent plus de signe de vie. La Grande-Bretagne envoya près de 40 expéditions de recherche. Pourtant, ce n’est qu’en 1850 que les sauveteurs trouvèrent les premières traces de l’équipage. Quatre ans plus tard, ce que l’explorateur écossais John Rae découvrit était à glacer le sang…

Le mystère de l’expédition Franklin : une longue agonie qui les a menés au cannibalisme

En 1850, trois tombes furent découvertes. Celle de John Hartnell, John Torrington et William Braine. Selon la date inscrite sur les tombes, celles-ci dataient de 1846. Près de quatre ans plus tard, John Rae rencontra un groupe d’Inuits. Ces derniers avaient en leur possession des biens appartenant à des Européens. Lorsque l’explorateur écossais leur demanda d’où cela venait, les Inuits lui montrèrent des restes humains. Les os étaient marqués par des coups de couteau, et comportaient des traces certaines de cannibalisme. John Rae en a donc déduit que l’ensemble des marins de l’expédition Franklin avait été pris par les glaces de l’Arctique, et que progressivement, ils en sont venus à manquer de vivres, et se sont donc retrouvés contraints « à la dernière alternative redoutable comme moyen de maintenir la vie ».

Encore quelques années plus tard, l’équipe de sauvetage de Francis Leopold McClintock découvrit une note sur l’île du roi Guillaume, au Canada. Cette note disait que les deux navires s’étaient emprisonnés dans les glaces, et que 15 hommes et 90 officiers marchaient en direction de la rivière Great Fish. Cette note écrite de la main de Francis Crozier datait du 25 avril 1848. Francis Crozier avait pris le commandement du reste de l’équipage après la mort de Sir John Franklin, un an auparavant.

L’expédition Franklin : un mystère résolu ?

Le fait que l’expédition Franklin avait été un échec était de plus en plus certain. Mais ce qui choquait le plus à cette époque fut sans aucun doute le triste sort des marins. Effectivement, d’autres recherches menées dans les années 80 révélèrent de nouveaux faits. L’analyse des corps d’Hartnell, Braine et Torrington montra que les trois marins souffraient de malnutrition, mais aussi d’un empoissonnement au plomb. Selon l’anthropologue Owen Beattie, l’hypothèse que les conserves aient été mal entreposées n’est pas négligeable. L’année suivante, Owen Beattie découvrit une douzaine de cadavres de marins de l’expédition Franklin. Le mystère était pratiquement résolu. Cependant, les deux navires, le HSM Erebus et le HMS Terror, n’avaient toujours pas été retrouvés.

Dessin du HSM Terror pris dans la glace. Dessin de George Black lors de l’expédition de 1836-1837.

Ce n’est qu’en 2014 que la première épave fut découverte. Le HSM Erebus se trouvait seulement à 11 mètres de profondeur, au sud de l’île du roi Guillaume. Puis en 2016, le HSM Terror fut découvert, à près de 70 kilomètres du HSM Erebus, à Terror Bay. Nul ne savait comment les deux navires s’étaient séparés, et comment ils avaient coulé, car les épaves étaient pratiquement intactes. Les experts pensent qu’il n’y a que très peu de doutes : les navires ont été pris dans la glace, et sans aucun autre choix, l’équipage les a abandonnés.

Le mystère dans le mystère

Les recherches et analyses sur ce qui est arrivé à l’expédition Franklin continuent, et il se pourrait bien que nous connaissions enfin toute la vérité. En effet, aujourd’hui, avec la fonte des glaces, les recherches avancent plus vite. Cependant, un autre mystère subsiste : où se trouve la tombe de Sir John Franklin ? « Il y a des histoires sur une structure en forme de cairn avec un grand sommet plat. Les Inuits ont également décrit une sorte de roche liquide, qui ressemble à un ciment rudimentaire », confie Paul Watson, auteur d’Ice Ghosts : The Epic Hunt for the Lost Franklin Expedition.

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