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Les archéologues lèvent enfin le voile sur le vaste réseau de crêtes et de canaux en Irak

Ces formations massives auraient été construites par des esclaves

Canaux Irak
© Peter J. Brown, Jaafar Jotheri, Louise Rayne, Nawrast S. Abdalwahab et Eric Andrieux

Un mystère entourant un immense réseau de crêtes et de canaux dans le sud de l’Irak semble enfin résolu grâce aux travaux d’une équipe internationale d’archéologues. Ces structures, visibles sur des images aériennes datant des années 1960, représentent les vestiges d’un réseau colossal de plus de 7 000 crêtes artificielles.

Une origine liée à la révolte des Zanj

Longtemps considérées comme les restes d’un système agricole à grande échelle, ces structures auraient en réalité été érigées à l’aide de main-d’œuvre esclave. En étudiant leur datation, les chercheurs ont découvert que la construction de ces crêtes s’est étendue sur plusieurs siècles, à partir de la révolte des esclaves connue sous le nom de « rébellion des Zanj » au IXe siècle après J.-C.

Les esclaves, appelés « Zanj », étaient pour la plupart originaires de la côte swahilie d’Afrique de l’Est. Ils se sont révoltés en 869 après J.-C. contre l’État abbasside, dans un soulèvement qui dura plus d’une décennie avant d’être écrasé en 883 après J.-C. Les dernières recherches démontrent que la construction des crêtes s’est poursuivie bien au-delà de cette période, sur plusieurs siècles, jusqu’au XIIIe siècle. Aujourd’hui, leurs descendants vivent principalement dans la ville de Bassorah, au sud de l’Irak

Les résultats de cette étude, publiée dans la revue Antiquity, offrent un nouvel éclairage sur l’histoire sociale et économique de la région. Jaafar Jotheri, professeur d’archéologie à l’université d’Al-Qadisiyah en Irak et membre de l’équipe, souligne que l’histoire des Zanj est peu documentée, ce qui rend cette découverte d’autant plus importante. « Ces structures doivent être protégées, car elles incarnent le patrimoine des minorités oubliées d’Irak », explique-t-il.

Irak Canaux
© Peter J. Brown, Jaafar Jotheri, Louise Rayne, Nawrast S. Abdalwahab et Eric Andrieux

Des preuves scientifiques concrètes

Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont eu recours à des technologies modernes et à l’analyse de documents visuels anciens pour localiser les crêtes s’étendant à travers la plaine de Shaṭṭ al-Arab. En examinant des images satellites contemporaines et des photographies aériennes prises dans les années 1960, ils ont identifié plus de 7 000 crêtes artificielles réparties dans la région.

Quatre crêtes ont été sélectionnées pour des analyses de datation au radiocarbone et par luminescence optiquement stimulée. Ces analyses ont révélé que ces structures datent d’une période allant de la fin du IXe siècle à la moitié du XIIIe siècle, confirmant qu’elles furent érigées bien après la révolte des Zanj.

Cela suggère que le recours au travail des esclaves a perduré bien après la rébellion des Zanj. « Ces structures témoignent d’une utilisation prolongée et d’un investissement humain massif, faisant d’elles un élément incontournable du patrimoine irakien », précisent les chercheurs dans leur rapport.

Un regain d’intérêt pour l’archéologie en Irak

Cette découverte s’inscrit dans un contexte de renouveau pour l’archéologie en Irak. Souvent qualifié de « berceau de la civilisation », le pays a vu ses fouilles archéologiques freinées pendant des décennies en raison des guerres et des pillages massifs d’artefacts. Cependant, ces dernières années, les recherches ont repris, accompagnées du rapatriement de milliers d’objets volés.

En somme, cette étude met en lumière non seulement des éléments clés du passé irakien, mais aussi l’importance de préserver ces trésors historiques pour les générations futures.

Par ailleurs, une tuyauterie insoupçonnée a été découverte sous l’Antarctique.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: The Independent

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