L’association UFC-Que Choisir, célèbre association de consommateurs, est connue pour ses enquêtes choc. Elle a d’ailleurs sorti une étude au début du mois de septembre qui a fait l’effet d’une bombe. Une étude reprise et relayée dans la foulée par bon nombre de médias, alors que les États Généraux de l’Alimentation débutent. L’association dénonce ainsi l’écart mirobolant, dans la grande distribution, entre les fruits et légumes issus de l’agriculture biologique et les autres produits similaires de type « conventionnel ». Explications.

UN RAPPORT EXPLOSIF

On le sait depuis longtemps : quand une association de consommateurs comme l’UFC-Que Choisir dénonce quelque chose, celui ou celle qu’elle dénonce peut trembler, tant les enquêtes sont menées avec précision et sont difficiles à démonter. Aujourd’hui, c’est la grande distribution qui en est la cible. En effet, même si elle est souvent au coeur de ces enquêtes, cette fois-ci, les données collectées par l’UFC ont saisi tout le monde et on comprend pourquoi. On apprend donc dans ce rapport de 35 pages, mené par des bénévoles de l’association dans près d’un millier de magasins à travers le pays, que les grandes enseignes s’accorderaient des marges confortables sur les fruits et légumes bio. A un tel point qu’elles représenteraient la moitié du surcoût par rapport aux aliments conventionnels.

Ainsi, l’étude a comparé l’écart entre une consommation annuelle de fruits et légumes bio et une consommation des mêmes produits sans l’estampillage « bio ». Cela a permis de révéler un écart de 292 €, le bio étant le plus cher : 660 €/an contre 368€ pour les produits classiques. Soit un écart de 79 %, à produits égaux. Dans le détail, l’UFC précise que pour les pommes et les tomates, deux produits parmi les plus consommés par les Français, c’est respectivement 163 % et 145 % de marges qui sont facturées en plus au consommateur. Et ces écarts varient fortement d’un produit à l’autre de +191 % pour les poireaux à -36 % pour le chou-fleur, qui est d’ailleurs le seul produit a être moins cher quand il est bio plutôt que s’il était produit de manière classique.

Une étale de fruits et légumes bio.

CONTRAIRE A LA PHILOSOPHIE DE LA GRANDE DISTRIBUTION

Mais alors pourquoi les grandes surfaces, qui nous promettent toujours les prix les plus bas, sont à l’origine de telles pratiques ?

C’est cette question que l’UFC a voulu soumettre à l’opinion publique en publiant l’enquête. Elle dénonce ainsi l’hypocrisie totale de la part des grandes enseignes qui font croire aux consommateurs qu’ils font de bonnes affaires. Et c’est encore pire du côté du producteur bio, pour qui l’agriculture bio coûte cher à produire. Cela constitue un véritable paradoxe avec des clients qui devraient manger plus sainement, sans pesticide sur leurs fruits et légumes mais qui le peuvent pas, simplement parce qu’ils n’en ont pas les moyens, ou parce que la grande distribution ne le leur permet pas avec de tels prix.

De quoi faire réagir le ministre français de la Transition écologique, qui a mis en garde les grands distributeurs sur Franceinfo. « Entre les producteurs et les consommateurs, il y a parfois des gens qui se gavent un peu. on va les mettre devant leurs responsabilités », a réagi Nicolas Hulot. « En réduisant ces marges, on va rendre le ‘bio’ et les produits de qualité et de proximité accessibles à chaque citoyen et ça ne sera pas simplement réservé comme l’on dit aux ‘bobos’« , a-t-il déclaré.

Attendons désormais les effets de cette enquête et espérons surtout qu’elle ait élevé les consciences de chacun pour faire changer les choses, au nom d’une alimentation plus saine pour tous.

Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique. (Franceinfo, le 30 août dernier)

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