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Une souris reçoit un fragment de génome humain : les changements observés déstabilisent les biologistes

Souris de laboratoire reniflant une pipette tenue par une main gantée dans un environnement scientifique stérile
Une souris de laboratoire interagit avec une pipette lors d’une expérience en environnement contrôlé, illustrant les protocoles de recherche biomédicale.

Et si l’on vous disait qu’un minuscule bout d’ADN humain, greffé dans le génome d’une souris, suffit à lui faire pousser un cortex cérébral plus gros ? Non, ce n’est pas un scénario de science-fiction, mais une véritable découverte scientifique qui pourrait bien éclairer l’un des plus grands mystères de notre espèce : pourquoi notre cerveau est-il aussi unique ?

Un fragment d’ADN humain qui fait pousser le cortex cérébral chez la souris

Tout commence avec une catégorie bien spéciale de séquences génétiques : les HARs, ou Human Accelerated Regions. Ces régions non codantes sont les chefs d’orchestre invisibles du génome. Chez l’humain, elles ont évolué à une vitesse folle.

Parmi elles, HARE5, qui agit comme un interrupteur génétique : il contrôle l’expression du gène Fzd8, essentiel à la prolifération des cellules souches neurales, via la voie WNT.

Des chercheurs ont alors eu une idée audacieuse : insérer la version humaine de HARE5 dans des embryons de souris. Résultat ? Un cortex cérébral 6,5 % plus large que chez les souris témoins, jusqu’à 12 % à certains stades. Une poussée spectaculaire, rendue possible par la multiplication des glies radiales, cellules à l’origine des neurones.

Quatre mutations qui transforment un interrupteur génétique en amplificateur cérébral

Mais pourquoi la version humaine de HARE5 agit-elle si puissamment ? Parce qu’elle contient quatre mutations spécifiques. Ces toutes petites modifications du code génétique transforment le fragment en super-régulateur.

Deux mutations en particulier boostent la production de Fzd8, déclenchant une cascade de divisions cellulaires. Résultat : davantage de cellules souches, donc plus de neurones. C’est comme si le cerveau avait reçu un signal pour accélérer sa propre construction.

Et pour vérifier cela, les scientifiques ont utilisé des organoïdes corticaux : de petits mini-cerveaux cultivés en laboratoire. Ceux qui intègrent HARE5 version humaine produisent nettement plus de glies radiales, confirmant l’effet observé chez la souris.

Une piste sérieuse pour comprendre l’évolution du cerveau humain

Évidemment, HARE5 ne raconte pas toute l’histoire. Le génome humain contient plus de 3 000 régions HAR. Mais cette expérience prouve qu’une poignée de mutations bien placées peut modifier en profondeur le développement cérébral.

Au-delà de l’évolution, ces découvertes ouvrent aussi des pistes en médecine : comprendre comment ces régulateurs fonctionnent pourrait aider à traiter des troubles du développement neurologique, voire certaines maladies dégénératives.

Alors oui, cette petite souris au cerveau augmenté par un fragment humain n’a rien d’anodin. Elle nous aide à remonter le fil de notre histoire biologique… et à imaginer les technologies de demain.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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