
Des scanners laser haute résolution de momies sud-américaines ont récemment révélé les détails délicats de leurs tatouages, réalisés il y a plus de 1 200 ans.
Des motifs délicats
Exhumées d’un ancien site funéraire de la vallée péruvienne de Huaura au début des années 1980, la centaine de dépouilles momifiées étaient celles de membres de la culture préhispanique Chancay. Bien que les tatouages, localisés au niveau des mains, des avant-bras et de la poitrine, soient clairement visibles à l’oeil nu, leurs contours s’étaient largement estompés.
Afin d’obtenir un aperçu sans précédent de ces marquages corporels, Michael Pittman, de l’université chinoise de Hong Kong, et ses collègues ont utilisé la fluorescence stimulée par laser, technique d’imagerie non destructive créant un contraste marqué entre les tissus cutanés et les pigments opaques de l’encre (carbone).
Les motifs comprennent des formes géométriques complexes (triangles, losanges, spirales) et des représentations zoomorphes semblables à celles observées sur d’autres supports (poterie, textiles…) mis au jour dans la région et datant de la même période.

La finesse et la netteté des lignes (0,1 à 0,2 millimètre d’épaisseur) indique l’utilisation d’outils à pointe (aiguille en os ou épine de cactus), pour créer des perforations cutanées à l’intérieur desquelles des pigments ont ensuite été délicatement appliqués, plutôt que via incision, consistant à entailler la peau puis à frotter la coupure avec de l’encre ou des cendres.
Une fonction ornementale et symbolique
Contribuant à éclairer les pratiques de cette société précolombienne obscure, ces œuvres délicates et leur emplacement suggèrent une fonction à la fois ornementale et symbolique. Selon les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue PNAS, elles étaient probablement réservées à ses membres éminents.
Pittman et ses collègues prévoient prochainement d’étendre l’approche à des momies du monde entier, afin d’en apprendre davantage au sujet de civilisations depuis longtemps disparues.
L’année dernière, des chercheurs s’étaient penchés sur les tatouages d’Ötzi, l’homme des glaces.