Si les efforts de conservation ne s’intensifient pas rapidement, le nombre d’espèces de mammifères en voie d’extinction pourrait atteindre 558 d’ici 2100, selon cette nouvelle étude alarmante.
La partie émergée de l’iceberg
La diversité actuelle des mammifères comprend environ 5700 espèces, dont au moins 351 se sont éteintes depuis le début du Pléistocène tardif. En raison de tendances croissantes à l’extinction également observées au sein d’autres groupes d’animaux, les scientifiques considèrent que la crise que traverse actuellement la biodiversité à l’échelle mondiale est due à la présence humaine et aux activités liées, se traduisant par l’accélération du réchauffement climatique qui exerce une force supplémentaire sur l’ensemble des espèces que compte notre planète.
Dans le cadre de ces travaux présentés dans la revue Science Advances, une équipe de scientifiques de l’université de Göteborg a compilé un vaste ensemble d’archives fossiles afin d’estimer le temps d’extinction des centaines d’espèces de mammifères disparues depuis le début du Pléistocène tardif, correspondant à une période de larges bouleversements climatiques et à l’essor d’Homo sapiens. Sans surprise, les simulations informatiques réalisées ont révélé que le taux d’extinction s’était considérablement accéléré au fil du temps et que cette tendance continuait à s’intensifier.
« Ces modèles montrent que les extinctions qui ont eu lieu au cours des siècles passés ne représentent que la partie émergée de l’iceberg, par rapport à l’extinction imminente qui interviendra au cour des prochaines décennies. Si les activités humaines ont entraîné l’extinction de plusieurs espèces par le passé, elles ont également décimé les populations et les habitats de beaucoup d’autres », écrivent notamment les chercheurs, qui estiment que 96 % des extinctions de mammifères survenues au cours des 126 000 dernières années sont dues à la présence humaine et non au climat.
Des taux d’extinction 1 700 fois plus élevés qu’ils ne l’étaient au début du Pléistocène tardif
Tobias Andermann et ses collègues prédisent que d’ici 2100, toutes les régions du monde seront entrées dans la deuxième vague d’extinction d’espèces de mammifères, d’une ampleur sans précédent. En se basant sur les extinctions ayant eu lieu au cours des dernières décennies, l’équipe a déterminé que l’Australie et les Caraïbes étaient déjà frappées par ce phénomène, ce qui montre, selon les chercheurs, que les taux futurs extrêmement élevés et les pertes de biodiversité associées se situent dans une fourchette réaliste.
À l’heure actuelle, les taux d’extinction sont considérés comme 1 700 fois plus élevés qu’ils ne l’étaient au début du Pléistocène tardif, ce qui sous-entend que, dans la configuration actuelle, les 351 espèces de mammifères s’étant éteintes en l’espace de 126 000 ans auraient disparu en 810 ans seulement. Les chercheurs ont ainsi prédit la disparition de 558 autres espèces de mammifères d’ici la fin du siècle sur la base des taux d’extinction actuels. Les régions les plus touchées seraient l’Afrique, les Amériques et l’Eurasie.
« Pour tous ces continents, nous prévoyons également d’importantes pertes de biodiversité en raison de l’augmentation prévue de la taille de la population humaine, qui constituera un défi majeur pour la préservation des espèces », estiment les auteurs de l’étude.
Si le scénario se profilant à l’horizon parait particulièrement sombre, tout n’est pas perdu selon l’équipe. « Nous pouvons sauver des centaines d’espèces de l’extinction grâce à des stratégies de conservation plus ciblées et plus efficaces », estime Andermann. « Mais pour y parvenir, nous devons accroître notre conscience collective de l’aggravation imminente de la crise de la biodiversité et prendre des mesures pour lutter contre cette urgence mondiale. Le temps presse. »
Par Yann Contegat, le
Source: ZME Science
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