
Des chercheurs ont récemment décrit une espèce de chenille plutôt particulière. Utilisant un camouflage macabre pour tromper la vigilance de ses colocataires et braconner leurs proies, elle se révèle également cannibale.
Déguisement macabre
Cet étrange insecte de la taille d’un ongle peut être observé sur l’île d’Oahu, qui est la plus peuplée de l’archipel d’Hawaï. Appartenant au genre Hyposmocoma, il présente la particularité d’être carnivore (seules 0,13 % des espèces connues de chenille le sont), de partager son habitat avec des araignées et également de se nourrir des créatures piégées dans leurs toiles.
Pour éviter de figurer à leur menu, la petite chenille utilise un stratagème aussi ingénieux que macabre : elle se pare de morceaux de leurs dépouilles soigneusement choisis et mesurés (tête de fourmi, abdomen de coléoptère, aile de mouche…) et de fragments des mues de ses colocataires arachnides.
« C’est probablement la seule façon pour elle de survivre dans un tel contexte », estime Daniel Rubinoff, chercheur à l’université d’Hawaï et auteur principal de la nouvelle étude, publiée dans la revue Science.
A rare carnivorous caterpillar, previously unknown to biologists, stalks spiderwebs for food whilst dressed in the remains of its prey, researchers report in Science.
— Science Magazine (@ScienceMagazine) April 24, 2025
This unique new species, dubbed the “bone collector,” is found only on a single mountainside on the Hawai’ian… pic.twitter.com/9vgPtgkP5a
Selon le chercheur, ainsi « customisé », son cocon s’apparente davantage à un tas d’ordures qu’à un en-cas juteux pour les araignées. Au bout de deux ou trois mois, la chenille hawaïenne se métamorphose en un minuscule papillon, plus petit qu’un grain de riz.
Chenille cannibale
Rubinoff et ses collègues ont également découvert que cette étrange collectionneuse était cannibale. Lors d’expériences impliquant des larves de tailles différentes, la plus massive s’est systématiquement régalée de ses congénères plus petites, expliquant pourquoi on ne dénombre pas plus d’une chenille par toile.
En l’espace de 22 ans (correspondant à plus de 150 études de terrain), son équipe n’a dénombré que 62 de ces insectes étranges, dans une zone forestière couvrant une quinzaine de kilomètres carrés, proche de la localité de Waianae.
Les analyses génétiques réalisées suggèrent que l’espèce nouvellement décrite était autrefois nettement plus répandue.
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