
La dépouille du pape Pie XII, décédé d’une insuffisance cardiaque aiguë, avait été brièvement exposée aux fidèles en octobre 1958. Mais en raison d’un embaumement hasardeux, cette tradition a viré au désastre.
Un souhait inhabituel
Contrairement à ses prédécesseurs, le 260e souverain pontif avait souhaité que ses principaux organes soient conservés lors de son embaumement. Une aubaine pour son médecin personnel, Riccardo Galeazzi-Lisi, désireux d’expérimenter une approche impliquant prétendument les mêmes substances utilisées pour préserver le corps du Christ.
Plutôt que de la vider de ses fluides, Galeazzi-Lisi et l’embaumeur napolitain Oreste Nuzzi se sont contentés d’enduire sa dépouille d’un combinaison d’huiles et de résines, avant de l’envelopper dans du plastique.
Associées aux températures anormalement douces de ce début d’automne, ces expérimentations menées au palais pontifical de Castel Gandolfo ont largement favorisé la prolifération des bactéries intestinales, et le processus de décomposition du corps.
« Bien qu’elle soit conforme à la demande de Pie XII, qui souhaitait être inhumé tel que Dieu l’avait fait, l’approche a favorisé l’autolyse et la putréfaction, qui ont rapidement généré de grandes quantités de gaz à l’intérieur du corps », souligne le professeur Ken Donaldson, du Surgeons Hall Museums.

Explosion papale
Selon les journaux de l’époque, le corps du pape se décomposait littéralement sous les yeux du cortège lors de son transfert vers Rome. Malgré les efforts de Galeazzi-Lisi, sa brève exposition fut un véritable fiasco.
En raison de l’accumulation de gaz, sa poitrine finit par exploser, ses doigts et son nez tombèrent et sa peau passa du jaunâtre à un noir sinistre. La puanteur était telle que plusieurs gardes s’évanouirent, et qu’il fut décidé qu’ils soient relevés tous les quarts d’heure.
Sans surprise, Galeazzi-Lisi fut renvoyé par les cardinaux romains le 20 octobre 1958.
Vous l’ignoriez peut-être, mais au XVe siècle, un certain Enea Silvio Piccolomini avait écrit un roman érotique intitulé « Histoire de deux amants », une vingtaine d’années avant de devenir Pie II.