
Il y a plus de dix millénaires, un groupe d’humains préhistoriques étroitement liés au mystérieux peuple Clovis a inhumé l’un de ses membres dans une grotte du Nevada. L’étude de ses restes momifiés a contribué à réécrire l’histoire du continent.
L’homme de la grotte de l’Esprit
Découvert par des archéologues en 1940, l’homme de la grotte de l’Esprit avait été exhibé à la foire de l’État du Nevada quelques mois plus tard, avant d’être transféré au musée de Carson City. Alors que l’on pensait initialement que la dépouille avait moins de 2 000 ans, les datations au radiocarbone effectuées en 1997 ont permis de situer son inhumation il y a 10 700 ans, en faisant la plus ancienne momie connue, et de loin.
L’identifiant comme un lointain ancêtre, surnommé « le Conteur », les représentants de la tribu Païute-Shoshone avaient demandé que le corps leur soit restitué. Requête à l’époque rejetée par le Bureau of Land Management, arguant que les Amérindiens modernes n’étaient pas génétiquement liés aux premiers habitants du continent, décrits comme des Paléo-Américains.
Après plus de deux décennies de bataille juridique, l’ADN de l’homme de la grotte de l’Esprit a finalement été séquencé, révélant un lien génétique étroit avec les premiers humains à avoir foulé le sol américain, et les groupes amérindiens actuels de la région, indiquant son occupation continue depuis près de 11 000 ans. Ces conclusions ont permis la restitution de la momie aux Païutes-Shoshones.

Un nouvel éclairage
Récemment, une équipe de chercheurs a analysé des centaines de pointes de flèches en pierre mises au jour dans le bassin de Lahontan, afin d’obtenir un meilleur aperçu de l’évolution démographique dans cette partie du Nevada, et de la résilience de ses anciennes communautés.
Publiés dans la revue American Antiquity, ces travaux ont montré que les membres de la culture Lovelock avaient survécu à une sécheresse épique d’un millénaire (correspondant à la période sèche de l’Holocène tardif), en s’établissant à des altitudes supérieures.
S’il était supposé que les Lovelock s’étaient éteints vers 1250 de notre ère et avaient été remplacés peu après par des tribus parlant le numic, les nouvelles analyses révèlent un métissage avec ces dernières.