Lucy
— Procy / Shutterstock.com

Grâce à une modélisation 3D de la célèbre australopithèque Lucy, des spécialistes révèlent qu’elle avait des muscles massifs pour se tenir droite et grimper aux arbres. Explications.

Marcher debout

Lucy est un spécimen de l’espèce éteinte Australopithecus afarensis, parent d’Homo sapiens qui a été parmi les premiers à marcher sur ses deux jambes il y a 3,2 millions d’années. Toutefois, les scientifiques ont longtemps débattu concernant la nature bipède de Lucy.

Grâce à une nouvelle modélisation musculaire 3D de son anatomie, combinée à des simulations informatiques, des spécialistes ont révélé qu’elle était capable de marcher droit et possédait des muscles au niveau de son bassin et des jambes lui permettant de grimper aux arbres. Les résultats de leur étude ont été publiés dans la revue Royal Society Open Science.

« La capacité de Lucy à marcher debout ne peut être connue qu’en reconstruisant le chemin et l’espace qu’un muscle occupe dans le corps. Nous sommes maintenant le seul animal qui peut se tenir debout avec les genoux droits. Les muscles de Lucy suggèrent qu’elle maîtrisait la bipédie aussi bien que nous, tout en étant probablement à l’aise dans les arbres », a expliqué dans un communiqué Ashleigh Wiseman, auteure principale de l’étude et archéologue de l’Institut McDonald de recherche archéologique de l’université de Cambridge.

Lucy
© Ashleigh Wiseman/University of Cambridge

Sa démarche

Les restes de Lucy ont été trouvés en 1974, sur le site archéologique d’Hadar, en Éthiopie. Une fois les centaines de morceaux d’os, de diverses parties de son corps, assemblés, les chercheurs ont reconstitué 40 % d’un squelette féminin.

Elle mesurait 1,1 mètre et pesait environ 28 kilos. Si son cerveau était petit, les os de son bassin et de ses jambes étaient quasi identiques à ceux des humains modernes. Il semble donc que nos ancêtres marchaient debout bien avant d’avoir développé de plus gros cerveaux.

Néanmoins, son bassin est plus large et ses jambes plus courtes qu’Homo sapiens. Selon les chercheurs, cela aurait pu affecter sa démarche. Certains spécialistes pensent toutefois qu’elle avait une démarche très droite. Grâce à sa modélisation, Ashleigh Wiseman a montré que Lucy avait des jambes beaucoup plus musclées que celles d’Homo sapiens. Sa cuisse était constituée à 74 % de tissu musculaire. De plus, certains de ses muscles du mollet et de la cuisse occupaient deux fois plus d’espace dans ses jambes que dans les nôtres.

Par ailleurs, ses genoux montrent qu’elle avait une grande amplitude de mouvement dans l’axe d’extension-flexion, lui permettant de redresser ses articulations comme les humains modernes. Elle pouvait donc marcher debout tout en effectuant des mouvements similaires aux chimpanzés et aux bonobos, comme grimper aux arbres.

Lucy
© Ashleigh Wiseman/University of Cambridge

Plusieurs habitats

Tous ces éléments suggèrent finalement que Lucy a possiblement vécu dans des forêts denses ainsi que dans des savanes herbeuses. « Ces reconstructions des muscles de Lucy suggèrent qu’elle aurait pu exploiter efficacement les deux habitats », a précisé la chercheuse. « Ce type de locomotion n’a été observé chez aucun animal moderne. »

La spécialiste concluant : « Il ne s’agit pas de preuves définitives qu’elle pouvait marcher debout fréquemment et efficacement. Lucy a probablement marché et s’est déplacée d’une manière que nous n’observons chez aucune espèce vivante aujourd’hui. »

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