chimpanzés
— © R. Drummond-Clarke et al. / Science Advances 2022

S’il était depuis longtemps estimé que le passage des arbres à l’environnement plus ouvert de la savane africaine avait poussé nos ancêtres à adopter un mode de déplacement bipède, une nouvelle étude sur les chimpanzés remet en question ce scénario.

L’hypothèse de la savane

Connue sous le nom d’hypothèse de la savane, la théorie dominante suggère que lorsque les forêts tropicales ont commencé à reculer en raison de l’évolution naturelle du climat, les premiers hominidés qui vivaient dans leurs arbres ont commencé à s’aventurer dans la savane. Afin de traverser plus efficacement les espaces ouverts de cet environnement constitué de forêts et de prairies, nos ancêtres auraient commencé à évoluer sur deux pattes.

Au fil des années, un certain nombre de travaux ont contribué à remettre en question cette idée. Menés par des chercheurs de l’University College de Londres, de l’université du Kent et de l’université Duke en Caroline du Nord et publiés dans la revue Science Advances, les derniers en date font sans doute partie des plus convaincants.

Sur une période de 15 mois, l’équipe a observé un groupe de 13 chimpanzés adultes sauvages vivant dans la vallée d’Issa. Située dans l’ouest de la Tanzanie, cette région présente un environnement de type « mosaïque de forêt-savane », se révélant très similaire à celui au sein duquel évoluaient nos premiers ancêtres, composé d’un mélange de terres sèches et ouvertes et de parcelles de forêt.

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— © R. Drummond-Clarke et al. / Science Advances 2022

Les chimpanzés étant les plus proches parents vivants de l’humanité, il semble probable qu’au fil des millénaires, la population d’Issa se soit adaptée à son paysage d’une manière similaire à celle des hominidés préhistoriques.

Des résultats frappants

Réfutant l’hypothèse de la savane, les chimpanzés d’Issa passaient autant de temps dans les arbres que leurs homologues vivant dans des environnements forestiers denses, et s’aventuraient rarement dans les prairies. Par ailleurs, il s’est avéré que lorsqu’ils se déplaçaient sur la terre ferme, les primates avaient tendance à utiliser leurs quatre membres. Selon l’équipe, plus de 85 % des cas de bipédie ont été observés lorsque les singes évoluaient dans les arbres.

« Notre étude suggère que le recul des forêts à la fin du Miocène-Pliocène, il y a environ cinq millions d’années, et les habitats de savane plus ouverts n’ont en fait pas été un catalyseur de l’évolution de la bipédie », avance Alex Piel, co-auteur de l’étude.

« Les arbres sont probablement restés essentiels à son évolution, avec une recherche de végétaux producteurs de nourriture ayant sans doute contribué à l’émergence de ce trait », conclut-il.

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