
Le réexamen des archives fossiles de musées canadiens a conduit à la découverte d’une toute nouvelle espèce de prédateur préhistorique. Écumant les océans à l’époque du Cambrien, elle présentait une caractéristique morphologique unique.
Mosura fentoni
Si son apparence rappelle celle d’un papillon de nuit, la créature marine nouvellement décrite ne leur est pas étroitement apparentée. Il s’agit d’un radiodonte (ancien groupe d’arthropodes aux morphologies plutôt exotiques), qui vivait il y a environ 508 millions d’années.
Baptisée Mosura fentoni, la nouvelle espèce a été découverte dans des plaques de schiste provenant du gisement de Burgess, dans les Rocheuses canadiennes. Au fil des décennies, ce célèbre site fossilifère a offert aux scientifiques un aperçu unique des créatures de l’ère cambrienne, au cours de laquelle sont apparues les principales structures corporelles animales que nous voyons aujourd’hui (vertèbres, yeux…).
Selon les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Royal Society Open Science, le niveau de préservation des tissus mous des dizaines de fossiles récemment étudiés est exceptionnel. « Vous pouvez même distinguer des faisceaux de nerfs impliqués, comme chez les arthropodes modernes, dans le traitement visuel », soulignent-ils.

Une morphologie atypique
De la taille d’un index humain, M. fentoni possédait des griffes articulées épineuses, une bouche circulaire hérissée de dents, des nageoires latérales et trois yeux (surdimensionné, l’organe central suggère une meilleure perception de la profondeur et un champ visuel étendu). La présence d’une structure segmentée semblable à un abdomen le distingue des autres radiodontes connus.
« Ces seize segments très serrés alignés avec des branchies à l’arrière de son corps constituent un bel exemple de convergence évolutive avec des groupes modernes comme les limules, cloportes ou insectes », explique Joe Moysiuk, du musée du Manitoba.
Dans l’ensemble, les systèmes sensoriels avancés de la nouvelle créature cambrienne indiquent que ces premiers arthropodes étaient déjà étonnamment diversifiés et s’adaptaient à leur environnement d’une manière comparable à leurs lointains parents modernes.
Il y a deux ans, une étude avait contribué à éclairer la vie du premier superprédateur de la Terre.