Régimes sans gluten, limitation de la consommation de sucres ou de viande… Aujourd’hui, de nombreuses personnes surveillent de près leur alimentation pour maigrir, mais aussi pour manger sainement. Des chercheurs ont mis en place une étude sur des souris pour voir si certains régimes pouvaient lutter contre le cancer. Zoom sur cette étude aux résultats prometteurs.
Un régime pauvre en protéines qui lutte contre le cancer
Ce n’est nullement un scoop, le cancer est aujourd’hui l’une des maladies les plus meurtrières qui soit et elle touche de nombreuses personnes chaque jour. Face à ce constat implacable, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) au sein de l’Université Côte d’Azur a mené une étude sur des souris en laboratoire, publiée dans la revue Cell metabolism. D’après cette étude, un régime appauvri en protéines permettrait au système immunitaire de mieux combattre le cancer. Cette efficacité du régime restrictif ne serait pas due à un affaiblissement de la tumeur mais plutôt à un surplus d’efficacité du système immunitaire.
Pour parvenir à cette conclusion porteuse d’espoir pour l’homme, les auteurs de l’étude ont observé la croissance des tumeurs chez des souris bénéficiant de régimes alimentaires différents. Chaque régime avait le même apport calorique tout en modulant l’apport en macronutriments (glucides, lipides, protéines). Le résultat a été sans appel : le régime contenant 25 % de protéines en moins a eu le meilleur impact en termes de limitation de la croissance tumorale et de survie des souris. Comment expliquer cela alors ?
Le régime accroît l’efficacité de la réponse immunitaire
À première vue, on pourrait croire que la tumeur était « affamée » par ce régime. En réalité, ce n’est pas cela. En analysant les tumeurs des souris, les chercheurs ont remarqué que l’impact bénéfique du régime n’était pas dû à une limitation de la prolifération des cellules cancéreuses, mais plutôt à un accroissement de l’efficacité de la réponse immunitaire spécialisée dans la destruction des cellules cancéreuses. Ce phénomène s’explique par le fait que ces cellules sont stressées par la diminution de la disponibilité de certains acides aminés (constituant des protéines). De ce stress, naît une production de cytokines, des molécules qui activent fortement la réponse immunitaire alentour.
Pour le moment, les résultats sont prometteurs mais sont à nuancer. Les tests n’ont été faits que sur des souris en laboratoire et il n’est pas dit que cela fonctionne sur l’homme. Il faut rester prudent « étant donné que les souris ont un taux métabolique (nombre de calories brûlées par jour) sept fois plus élevé que celui des humains » et qu’elles semblent être « plus résistantes » que nous face à la dénutrition. De ce fait, l’effet chez l’homme d’un tel traitement ne peut pas être avéré. Sans compter le fait qu’il reste aux chercheurs à savoir quels acides aminés clés doivent être modulés, et en quelle quantité.
Le régime oui, le jeûne à éviter face au cancer
Au même titre que les régimes spéciaux, le jeûne est une pratique alimentaire très à la mode aujourd’hui, notamment pour lutter face au développement du cancer. Selon l’Institut National du cancer (INca), environ 4 000 à 5 000 personnes jeûnent chaque année (sans compter les jeûnes religieux et spirituels). On recense principalement des femmes (71 %), des personnes âgées de 45 à 60 ans (54 %) et des personnes avec un niveau d’études élevé (Bac +3 et plus, 59 %). Selon l’INca, cet engouement s’explique par une large médiatisation des effets potentiellement bénéfiques du jeûne, « notamment à l’égard du cancer ».
Cette popularité du jeûne remonte aux années 90, quand un scientifique lui a attribué la capacité d’affamer les tumeurs. Pourtant, un rapport de l’INca publié en décembre 2017 contredit cette idée. Il conclut, après avoir passé en revue toute la littérature disponible, que rien ne permet d’attribuer ce genre de propriétés au jeûne. En revanche, il pourrait avoir des conséquences néfastes sur les malades tels que la dénutrition et la sarcopénie (perte de la masse et fonction musculaire). Il est vrai que le jeûne peut avoir des bénéfices sur la santé, mais il est largement déconseillé face au cancer.
La piste d’un traitement anticancéreux à l’aide d’un régime limité en protéines est bien sûr à explorer. Si pour le moment, rien ne nous permet d’être certains de son efficacité sur les hommes, il semble que l’espoir est permis, grâce à l’étude faite sur les souris. De plus, on peut penser qu’un tel traitement serait probablement moins agressif sur les malades que les chimiothérapies et autres radiothérapies.
Par Thomas Le Moing, le
Source: Sciences et Avenir
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