
L’étude de sédiments suggère que l’éruption cataclysmique d’un volcan indonésien il y a des dizaines de milliers d’années s’est traduite par des conditions climatiques plus chaudes ayant persisté quelques années, plutôt qu’un (très) long hiver volcanique.
Éruption explosive
Situé sur l’île indonésienne de Sumatra, le supervolcan Toba a connu une éruption majeure il y a 74 000 ans, au cours de laquelle il a expulsé dans l’atmosphère plusieurs milliers de kilomètres cubes de cendres et de roches. À l’instar de nombreux évènements de ce type, son impact sur le climat reste discuté.
Les éruptions volcaniques peuvent avoir un effet refroidissant, via la libération massive de dioxyde de soufre dans la stratosphère, qui va bloquer une part du rayonnement solaire. Il a longtemps été estimé que la quantité faramineuse de matériaux crachés par le Toba avait conduit à une baisse drastique et durable (près d’un millénaire) des températures, à l’origine de la disparition de nombreuses espèces et d’une chute brutale de la population humaine.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue PNAS Nexus, Gopesh Jha, de l’Institut Max-Planck et ses collègues se sont rendus à Jwalapuram, dans le sud de l’Inde. Un site préhistorique connu pour présenter des couches bien définies de matière volcanique provenant de la super-éruption du Toba, suffisamment importante pour ensevelir entièrement la végétation locale.

Des conséquences bien moins dramatiques qu’estimé
En procédant à l’analyse géochimique d’échantillons de ces « téphras », à la structure largement influencée par les précipitations et les variations de températures, l’équipe a constaté que le climat de la région s’était brièvement refroidi.
N’ayant pas persisté plus d’une douzaine de mois, cette phase a été suivie de cinq années nettement plus chaudes et sèches. « Six ans après l’éruption, les écosystèmes se sont stabilisés et l’environnement est redevenu favorable aux groupes de chasseurs-cueilleurs », écrivent les chercheurs.
Des hivers volcaniques de plusieurs années ont été observés dans le monde entier après d’autres éruptions majeures, dont une en 536 de notre ère liée au déclin de plusieurs civilisations. Dans le cas de Toba, des conditions typiques de mousson auraient empêché un tel scénario. D’après Jha, les brefs bouleversements climatiques mis en évidence n’auraient pas été suffisants pour entraîner une vague d’extinctions.
Courant mars, des analyses similaires avaient révélé des perturbations climatiques mondiales à court terme, ayant persisté des décennies plutôt que des siècles, pour la super-éruption de Los Chocoyos, il y a 79 500 ans.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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