Aller au contenu principal

Changement climatique : la prochaine ère glaciaire n’aura pas lieu et c’est une mauvaise nouvelle

Les activités humaines ont profondément perturbé les mécanismes naturels qui façonnent le climat de notre planète

ere-glaciaire
— Discovod / Shutterstock.com

D’après une récente étude, la Terre devrait entrer dans une nouvelle ère glaciaire d’ici 10 000 ans. Toutefois, les activités humaines, et plus particulièrement les émissions massives de dioxyde de carbone (CO₂), pourraient bien empêcher ce refroidissement naturel, bouleversant ainsi le cours prévu de l’histoire climatique de notre planète.  

Les cycles climatiques naturels  

Depuis des centaines de milliers d’années, la Terre alterne entre périodes glaciaires et interglaciaires, c’est-à-dire entre phases de refroidissement intense et périodes plus tempérées, comme celle que nous connaissons actuellement. Ces variations cycliques sont essentiellement dues aux cycles de Milankovitch, du nom du scientifique serbe Milutin Milankovitch qui les a théorisés au début du XXe siècle.  

Ces cycles résultent de plusieurs paramètres astronomiques liés à la position de la Terre. Le premier paramètre, l’obliquité, correspond à l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre par rapport au plan de son orbite autour du Soleil. Elle varie entre 22,1° et 24,5° sur une période d’environ 40 000 ans. Aujourd’hui, elle est de 23,4°.

Ensuite, la précession désigne l’oscillation de l’axe de rotation terrestre, un phénomène comparable au mouvement d’une toupie en train de tourner. Ce phénomène suit un cycle d’environ 21 000 ans et influence la répartition de la chaleur solaire. Enfin, l’excentricité de l’orbite terrestre désigne la forme de l’orbite de la Terre autour du Soleil, qui passe de presque circulaire à plus elliptique selon un cycle de 100 000 à 400 000 ans.

Ces cycles sont influencés par les forces gravitationnelles exercées par le Soleil, Jupiter et d’autres planètes. Leur impact sur le climat est bien établi, mais il a longtemps été difficile de relier précisément ces cycles à des événements climatiques spécifiques dans les archives géologiques.

Des modèles pour prédire les périodes glaciaires

Une équipe de chercheurs dirigée par Stephen Barker, de l’université de Cardiff, a récemment modélisé un million d’années de données climatiques, incluant l’évolution des nappes glaciaires et des températures océaniques. Cela leur a permis d’établir un lien clair entre les cycles de Milankovitch et les périodes glaciaires. 

« Nous avons découvert un modèle prévisible dans les changements climatiques de la Terre au cours des derniers millions d’années », explique Lorraine Lisiecki, paléoclimatologue à l’université de Californie et membre de l’équipe. 

L’étude, publiée dans la revue Science, montre que la fin des périodes glaciaires, comme celle qui s’est produite il y a 11 700 ans, est due à une combinaison de changements de précession et d’obliquité, qui influencent la chaleur estivale et l’énergie solaire reçue par les hautes latitudes. Plus intéressant encore, les chercheurs ont observé que l’obliquité semble être le facteur qui déclenche le début d’une nouvelle ère glaciaire. Ainsi, selon leur modèle, la prochaine grande glaciation devrait normalement débuter dans environ 10 000 ans.  

L’impact des activités humaines sur le climat

Mais ce scénario semble compromis. En effet, les énormes quantités de gaz à effet de serre libérées par les activités humaines ont déjà modifié le climat mondial de façon durable. Les scientifiques s’accordent aujourd’hui pour dire que ce réchauffement d’origine humaine a pris le dessus sur les cycles naturels.  

L’équipe de Barker a utilisé son modèle pour établir une base de référence sur l’évolution naturelle du climat au cours des 20 000 prochaines années. Ce modèle permet de comparer les effets du réchauffement climatique d’origine humaine avec les cycles naturels. Les chercheurs espèrent que cette approche aidera à mieux quantifier l’impact à long terme des émissions de gaz à effet de serre.

« Maintenant que nous savons que le climat est largement prévisible sur des échelles de temps aussi longues, nous pouvons utiliser les changements passés pour éclairer nos décisions futures », déclare Stephen Barker. Ces décisions, surtout concernant les émissions de gaz à effet de serre, détermineront l’avenir climatique de notre planète. Pour rappel, l’humanité est en train de créer l’équivalent d’une ère glaciaire mais avec du feu.

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *