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L’enfant dans la plus ancienne sépulture connue est un hybride néandertalien-Homo sapiens

Les humains modernes ne sont peut-être pas les premiers à avoir enterré leurs morts

La grotte d'Es Skhul
La grotte d’Es Skhul — © Hanay / Wikimedia Commons

L’histoire de l’inhumation chez les hominidés vient de prendre un tournant inattendu. Une étude récente vient bouleverser la croyance selon laquelle seul Homo sapiens avait le monopole des rites funéraires. Les restes d’un enfant retrouvés dans la grotte de Skhul, en Israël, indiqueraient qu’il s’agissait d’un individu hybride, à mi-chemin entre Néandertal et Homo sapiens. Ce jeune défunt aurait été enterré il y a environ 140 000 ans, ce qui en ferait l’une des plus anciennes sépultures connues au monde.

Une pratique funéraire précoce… mais par qui ?

Il y a environ 100 000 ans, dans la région du Levant, des groupes humains préhistoriques ont commencé à enterrer leurs défunts. Ce comportement marquait un bond significatif dans l’évolution cognitive et culturelle de notre espèce. Des sépultures anciennes ont été découvertes dans des sites archéologiques majeurs comme Tabun, Qafzeh, Tinshemet, Nesher Ramla ou encore Skhul. 

Toutefois, l’identité exacte des personnes enterrées reste sujette à débat. Certaines ressemblent à des Homo sapiens primitifs, tandis que d’autres présentent des caractéristiques proches de l’homme de Néandertal.

Pour résoudre cette énigme, une équipe de chercheurs a décidé de réétudier les ossements d’un enfant retrouvé dans la grotte de Skhul. Il s’agirait probablement d’une fillette morte entre l’âge de 3 et 5 ans. Bien que cet individu ait d’abord été considéré comme un proto-Homo sapiens, puis comme un humain anatomiquement moderne, certaines similitudes avec des Néandertaliens ont remis cette catégorisation en question. L’étude a été publiée dans la revue L’Anthropologie.

Un mélange de traits Homo sapiens et néandertaliens

Grâce à des analyses poussées, incluant des scanners 3D du crâne et de la mâchoire, les chercheurs ont pu produire un modèle précis du labyrinthe osseux de l’oreille interne. Alors que la forme générale du crâne concorde avec celle d’Homo sapiens, la mandibule présente des traits nettement néandertaliens. Ces observations suggèrent que l’enfant pourrait être un hybride des deux espèces.

Les chercheurs ont comparé ces traits avec ceux d’autres hominidés, notamment des Néandertaliens d’Europe et des Homo sapiens archaïques comme Cro-Magnon. Ils ont constaté que le labyrinthe osseux correspondait principalement à celui des humains modernes, mais que d’autres caractéristiques, comme la forme de l’arcade dentaire, étaient typiques des Néandertaliens.

Face à ce mélange de caractéristiques, les scientifiques concluent que l’enfant ne peut être catégoriquement rattaché ni à Homo sapiens, ni à Homo neanderthalensis. Il pourrait s’agir d’un représentant d’une population intermédiaire ou mixte, que les chercheurs appellent « paléodème », c’est-à-dire un groupe humain au Levant pendant le Paléolithique moyen, résultant du métissage entre différentes espèces humaines.

Une pratique funéraire partagée

Selon l’étude, ces découvertes remettent en question l’idée que l’inhumation était une pratique exclusive à Homo sapiens. Au contraire, les Néandertaliens ou des hybrides pourraient également avoir participé à ces rituels, témoignant d’un comportement émotionnel et symbolique plus répandu qu’on ne le pensait. Les chercheurs soulignent que l’enfant de Skhul représente une avancée dans la compréhension de la paléocognition, c’est-à-dire des capacités mentales et émotionnelles des premiers humains.

Malgré ces avancées, de nombreuses interrogations demeurent. Anne Dambricourt-Malassé, auteure principale de l’étude, souligne que ces résultats montrent des interactions entre différentes lignées humaines, mais l’identité exacte de ces lignées reste floue. Aucun fossile néandertalien aussi ancien n’a été retrouvé au Levant.

Mais une autre hypothèse, plus intrigante, suggère l’existence d’une lignée humaine indigène au Levant, aujourd’hui éteinte, qui partageait des traits communs avec les Néandertaliens sans être directement issue de ceux-ci. Pour aller plus loin, découvrez comment un enfant hybride humain-néandertalien a réécrit l’histoire de l’humanité.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: IFL Science

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