Des scientifiques pilotant un submersible télécommandé (ROV) depuis le navire de recherche Nautilus on fait une découverte fossile inattendue dans les profondeurs du Pacifique : une dent de mégalodon.
Une première
Ayant évolué dans les eaux chaudes du globe il y a environ 20 à 3 millions d’années, le mégalodon (Otodus megalodon) aurait atteint une taille de 16 mètres à l’âge adulte et disposé d’une force de morsure de plus de dix tonnes, contre respectivement 6 mètres et 2 tonnes pour le grand requin blanc (Carcharodon carcharias), considéré comme l’espèce de squale moderne la plus redoutable.
Contrairement aux os de dinosaures, les squelettes de requins sont constitués de cartilage qui se fossilise rarement, impliquant que la quasi-totalité des fossiles connus du mégalodon soient des dents. Alors que de tels témoignages avaient jusqu’à présent été trouvés exclusivement sur des littoraux, l’équipe du Nautilus a annoncé la toute première découverte « in situ », à plus de 3 000 mètres sous la surface du Pacifique.
« Elle souligne l’importance de l’utilisation de technologies avancées de plongée profonde pour étudier les parties les plus vastes et les moins explorées de nos océans », soulignent les chercheurs, dont les travaux sont détaillés dans la revue Historical Biology.
Vieux d’environ 3,5 millions d’années, le spécimen récemment découvert et collecté par le ROV Hercules se présente sous la forme d’une couronne triangulaire aux bords dentelés, qui aidaient ces géants des mers à perforer la peau et déchiqueter la chair de cétacés préhistoriques (dauphins, baleines…). L’examen approfondi de la dent suggère qu’elle aurait été percée par d’anciens vers annélides, connus pour se nourrir de la pulpe de la dentine.
Des nodules de manganèse
La dent préhistorique était en partie recouverte de nodules de manganèse. Un élément chimique largement utilisé dans les batteries et particulièrement abondant au niveau des plaines abyssales.
« Environ 90 % des contrats de prospection de nodules dans le monde concernent la zone de Clarion-Clipperton, qui représente à peine 0,5 % du plancher océanique mondial », souligne Rory Usher, de la société d’exploration minière en haute mer Metals Company. « Il s’agit de la plus grande source de manganèse, de nickel et de cobalt de la planète, qui éclipse tous les gisements se trouvant sur la terre ferme. »
Selon ce dernier, deux des sites de la zone abriteraient suffisamment de métaux pour alimenter un quart du parc automobile mondial, mais de nombreux scientifiques redoutent que les opérations d’extraction ne perturbent son écosystème complexe et encore peu étudié.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
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