Les araignées ont plus d’un tour dans leur sac et n’en finissent pas de nous surprendre. En plus de produire des toiles à l’architecture surprenante et à la solidité que même les Hommes jalousent, nous savons depuis plusieurs années que les araignées sont également capables de voler sur des milliers de kilomètres. Si plusieurs théories avaient été avancées, aucune n’avait été prouvée au moyen d’expérimentations, jusqu’à aujourd’hui.

PLUSIEURS THÉORIES QUI S’AFFRONTENT

La première observation d’araignées volantes date du voyage de Charles Darwin à bord du HMS Beagle au XIXe siècle. En effet, un matin, il s’est aperçu que le pont du navire était envahi d’araignées alors qu’il se trouvait à près d’une centaine de kilomètres des côtes. Pour lui, la seule explication possible était que les araignées avaient volé jusqu’au bateau mais il lui a fallu de nombreuses années d’observation pour découvrir qu’elles se déplaçaient grâce à la technique que l’on appelle aujourd’hui le “ballooning” ou “montgolfière” en français. Cette technique chez les araignées consiste en un déplacement sur plusieurs milliers de kilomètres en utilisant les courants d’air. Lorsqu’elles sentent un courant d’air, elles se dressent sur leurs pattes, avec leur abdomen en l’air pour ensuite se lancer dans le vide et éjecter de la toile qui va les aider à planer.

Toutefois, cette technique montrait des limites et n’avait été observée qu’à petite échelle et semblait s’appliquer difficilement aux araignées de plus gros gabarit. En 2013, une théorie visant à ajouter un nouvel élément aux observations de Darwin a été avancée par Peter Gorham, professeur à l’Université d’Hawaï. Il est le premier à avoir émis l’idée que les araignées étaient peut-être capables de se déplacer grâce aux courants électrostatiques générés naturellement par les champs magnétiques terrestres. Une théorie qui pouvait pallier à ce que les courants d’air ne pouvaient pas permettre mais qui n’avait malheureusement pas de preuve pratique pour l’étayer… Jusqu’à aujourd’hui.

LES ARAIGNÉES VOLANTES

Ce sont deux biologistes de l’Université de Bristol au Royaume-Uni qui ont mis en pratique les théories de leurs confrères d’Hawaï. Pour ce faire, Eric Morley et Daniel Robert ont placé une araignée Erigone dans une boîte isolée des courants électriques générés naturellement par la ionosphère. Les chercheurs ont ensuite généré dans cette boîte leur propre courant électrique et ont observé ce qui se passait pour l’araignée. Les résultats sont sans appel, lorsque le courant était allumé, l’araignée s’envolait dans les airs et lorsqu’il était éteint, elle redescendait.

Les observation ont révélé que les araignées parviennent à capter les courants électriques grâce aux poils présents sur leurs pattes, appelés trichoborthies, qui se dressent par effet électrostatique comme nos poils lorsque nous frottons un ballon de baudruche dessus et qu’on le soulève ensuite. Les araignées utilisent ainsi les différentes charges ioniques des courants électriques terrestres pour se déplacer et léviter. En effet, les toiles des araignées ont une charge négative, comme le support sur lequel elles se trouvent et l’opposition qui se crée par la répulsion de deux charges identiques leur donne matière à décoller. Ensuite, grâce à leurs pattes et la technique de ballooning, elles utilisent les courants électriques pour s’élever et se déplacer sur plusieurs milliers de kilomètres.

Erica Morley, l’auteure principale de l’étude publiée sur Current Biology, précise néanmoins ceci : “Nous ne savons pas encore si les champs électriques sont nécessaires au ballooning des araignées, mais nous savons désormais qu’ils y suffisants.”. Toutefois, nous pouvons dire que ces chercheurs ont trouvé la cause de l’observation qu’avait fait Charles Darwin près de deux siècles plus tôt.

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