Fanny Mendelssohn, écrasée par son frère
Fanny Mendelssohn (1805-1847) nait dans une famille bourgeoise et cultivée allemande. Comme pour son frère Félix, son talent de musicienne se développe très tôt : elle apprend le piano ainsi que la composition avec les meilleurs professeurs et se révèle particulièrement douée. Toutefois, son père l’empêchera de poursuivre sur cette voie, lui ordonnant de se consacrer plutôt à une « carrière » d’épouse et de mère : « Renonce à des triomphes qui ne conviennent pas à ton sexe et cède la place à ton frère », lui dira-t-il. Son frère, pourtant plus jeune qu’elle de 3 ans et demi, renchérira : « L’encourager à publier quoi que ce soit, je ne le puis, car ce serait aller contre mes convictions. Nous avons souvent discuté fermement de cela et je maintiens tout à fait mon opinion… Fanny, telle que je la connais, n’a jamais souhaité devenir compositeur ni avoir une vocation pour cela ; elle est trop femme. Elle dirige sa maison et ne pense nullement au public ni au monde musical, ni même à la musique, tant que ses premiers devoirs ne sont pas remplis. Publier ne pourrait que la distraire de cela et je ne peux pas dire que je l’approuverais. » Alors que les talents de musicien de Félix ont toujours été encouragés, par des conseils, des rencontres, y compris avec Goethe, à laquelle Fanny n’était pas invitée, cette dernière doit se contenter de jouer au salon, quand ses parents reçoivent. Ces derniers organisent chez eux les Sonntagsmusiken, des concerts dans leur maison de Berlin ouverts à leurs amis, et qui très vite rassembleront tout le gratin culturel berlinois. En 1839, avec son mari, Fanny séjourne à Rome, et est reconnue pour son art à part entière. Vers la fin de sa vie, elle s’oppose enfin à l’interdiction de son frère de publier ses oeuvres.