
En 1989, une équipe de spécialistes a collecté des échantillons de peau d’une baleine. 36 ans plus tard, Carla Crossman, de l’université Saint Mary’s au Canada, les a analysés et a découvert qu’ils provenaient d’une baleine franches australe (Eubalaena australis) intersexuée. Elle a aussi découvert un phénomène que la science n’avait jamais observé auparavant chez cette espèce. Explications.
Une baleine franches australe intersexuée
Comme chez les humains, les chromosomes des baleines expriment généralement XX pour le sexe féminin ou XY pour le sexe masculin. L’un des échantillons de peau de cette baleine, étiqueté Eau10b et étudié dans le cadre d’une étude publiée dans la revue Marine Mammal Science, présentait des marqueurs moléculaires suggérant que l’animal était XX lors des premiers tests, ce qui indiquait qu’il s’agissait d’une femelle.
Cependant, un petit gène appelé gène de la région déterminant le sexe Y (ou SRY) a perturbé ces résultats, car il n’existe que sur le chromosome Y. Pourtant, après des tests plus approfondis, Eau10b s’est révélé positif. Cela ne correspondait pas à l’indication initiale, qui indiquait que Eau10b appartenait à la catégorie XX.
Des tests génétiques complémentaires, incluant l’analyse d’autres marqueurs, ont confirmé que Eau10b possédait à la fois des chromosomes X et Y, suggérant une disposition XXY. Il s’agit donc d’un exemple d’aneuploïdie chromosomique sexuelle, où un individu présente un nombre atypique de chromosomes sexuels. C’est la première fois qu’un tel phénomène est identifié chez les baleines franches australes.
Par ailleurs, « le même processus qui crée un individu XXY pourrait également créer un individu XXX ou XYY. Ce processus se produit lorsqu’une copie supplémentaire du chromosome dupliqué s’infiltre efficacement lors de la division cellulaire, ce qui peut avoir un effet d’entraînement sur la fertilité d’un animal », a rapporté Carla Crossman.
Détecter une aneuploïdie peut être difficile chez n’importe quel animal, car la combinaison chromosomique ne révèle pas forcément de signes évidents. Chez l’Homme, nous parlons du syndrome de Klinefelter, une anomalie chromosomique spécifique caractérisée par la présence d’un chromosome X supplémentaire. Il s’agit de l’une des nombreuses variantes du chromosome XX ou XY pouvant être regroupées sous le terme générique d’intersexualité.
La rareté des aneuploïdies des chromosomes sexuels
Carla Crossman ajoutant : « Nous sommes relativement confiants quant à la rareté des aneuploïdies des chromosomes sexuels. Il en existe un nombre assez important chez l’Homme, mais pas chez la plupart des espèces. Nous ne savons pas exactement à quel point elles sont rares dans la nature. Plus nous étudions les données génétiques à haute résolution, plus nous en trouvons. Il s’agit du premier cas documenté chez une baleine franche australe, mais il a également été observé chez d’autres cétacés. Nous présentons quelques méthodes différentes et simples pour sélectionner des échantillons d’aneuploïdies qui devraient fonctionner sur toutes les espèces afin d’améliorer notre compréhension de leur fréquence/rareté dans la nature. »
Des aneuploïdies chromosomiques sexuelles sont présentes chez au moins cette baleine franche australe et peuvent passer largement inaperçues, que ce soit physiquement ou même avec certaines méthodes courantes de détermination du sexe.
Par ailleurs, des scientifiques ont découvert un harpon vieux d’un siècle dans le corps d’une baleine boréale.
Par Cécile Breton, le
Source: IFL Science
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