
Un champignon récemment découvert en Irlande du Nord, nommé Gibellula attenboroughii en hommage à Sir David Attenborough, est capable de manipuler le comportement d’araignées. Cette découverte met en lumière une diversité encore méconnue de champignons présents dans les îles britanniques. En modifiant l’activité de son hôte, ce champignon pousse les araignées à adopter des comportements inhabituels, facilitant ainsi la dispersion de ses spores.
Une infection mortelle pour les araignées des cavernes
Les scientifiques, dont certains affiliés aux Jardins botaniques de Kew, ont identifié l’hôte privilégié de ce champignon : Metellina merianae, une espèce d’araignée vivant dans des environnements souterrains en Irlande du Nord et en République d’Irlande. Selon l’étude publiée dans la revue Fungal Systematics and Evolution, les araignées infectées subissent des transformations comportementales étranges.
Plutôt que de rester cachées dans leur toile ou dans leur repaire, elles grimpent sur les murs ou les plafonds des grottes avant de succomber à l’infection. Ce comportement inhabituel facilite la dispersion des spores du champignon, permettant à ce dernier de poursuivre son cycle de vie.
Les chercheurs rapportent également qu’un spécimen d’araignée infectée avait été découvert dans un ancien dépôt de poudre à canon, suspendu au plafond. Dans chaque cas observé, l’araignée contaminée finissait par mourir dans une position exposée, ce qui suggère un changement comportemental orchestré par le parasite.

Un phénomène rappelant les « fourmis zombies »
Cette découverte s’inscrit dans un phénomène déjà bien documenté chez certains insectes. En Amazonie, le Cordyceps, un champignon parasitaire, infecte certaines espèces de fourmis, modifiant leur comportement avant de les tuer pour mieux propager ses spores. Ce processus, mis en avant dans diverses œuvres de fiction comme The Last of Us, se retrouve ici appliqué aux araignées des cavernes irlandaises.
Une étude menée en 2016 avait déjà suggéré que certains champignons infectant les araignées pouvaient modifier leur comportement en les incitant à quitter leurs abris naturels pour mourir dans des endroits plus exposés. Cette nouvelle recherche vient confirmer et préciser ces observations, démontrant que Gibellula attenboroughii agit d’une manière similaire sur ses hôtes.
Un mécanisme sophistiqué de manipulation biologique
Les chercheurs ont mis en évidence que Gibellula attenboroughii produit des métabolites, dont certains pourraient être liés à la dopamine, une substance influençant le comportement de nombreux organismes vivants. En contrôlant les araignées, le champignon maximise ainsi ses chances de survie et de dispersion.
Le choix des araignées infectées de mourir dans des zones dégagées et en hauteur pourrait être une adaptation du parasite visant à exploiter les courants d’air des grottes. En effet, les spores du champignon se disperseraient plus efficacement dans ces conditions, favorisant ainsi la colonisation de nouveaux hôtes.
Au-delà de la simple observation d’un phénomène macabre, cette étude souligne l’existence d’une diversité insoupçonnée de champignons parasites dans les îles britanniques. Les chercheurs estiment qu’il reste de nombreuses espèces du genre Gibellula à découvrir, chacune ayant potentiellement développé des stratégies spécifiques pour infecter et manipuler ses hôtes.
Les auteurs de l’étude encouragent la poursuite des recherches pour mieux comprendre l’impact des champignons sur les populations d’araignées et identifier les substances qu’ils produisent. Par ailleurs, voici 9 parasites effrayants capables de contrôler l’esprit de leurs hôtes en les transformant en zombies.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Independent
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