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Au fil des années, de nombreuses études ont mis en évidence la nocivité du bisphénol A. De plus en plus de travaux suggèrent que ses substituts auraient également toute une série d’effets néfastes sur la santé humaine.

Des alternatives censées être plus sûres

Dans le cadre de travaux récemment publiés dans la revue Communications Biology, des chercheurs de l’université de Bayreuth, en Allemagne, se sont penchés sur l’impact de ces alternatives sur les cellules nerveuses du cerveau adulte. Selon eux, ces dernières perturbent probablement de façon permanente la transmission des signaux et interfèrent également avec les circuits neuronaux liés à la perception.

Produit chimique très largement utilisé dans les emballages alimentaires pendant des décennies, le controversé bisphénol A (BPA) est susceptible de s’infiltrer dans ces produits de consommation et d’avoir un impact sur la santé humaine, allant du dysfonctionnement endocrinien au cancer, comme l’ont montré différentes études depuis les années 1990. Si une telle nocivité a entraîné l’apparition de plastiques « sans BPA », considérés comme des alternatives plus sûres, un nombre croissant de recherches montrent que ceux-ci se révèlent tout aussi dangereux pour notre santé.

Alors qu’une étude menée l’année passée sur des souris avait montré que le bisphénol S (BPS) pouvait modifier l’expression des gènes dans le placenta et perturber le développement du cerveau du fœtus, les scientifiques allemands ont réalisé une étude électrophysiologique sur les cellules nerveuses de poissons rouges soumis à la fois au BPA et au BPS pendant un mois. Leurs recherches ont spécifiquement porté sur les cellules de Mauthner, participant au traitement de l’ensemble des stimuli sensoriels, et aidant les vertébrés à échapper aux prédateurs.

Grâce à des enregistrements intracellulaires in vivo, l’équipe a constaté une rupture de la coordination essentielle entre les cellules cérébrales inhibant les neurones en aval et celles qui les stimulent. Une relation délicate nécessaire au bon fonctionnement du système nerveux. L’équipe a constaté que les plastifiants avaient un impact sur la transmission chimique et électrique des signaux via les synapses et qu’ils interféraient également avec les circuits essentiels au traitement des stimuli acoustiques et visuels.

« Bien qu’ils ne se produisent pas immédiatement, ces dommages sont indéniables »

« Nous avons été surpris par le nombre de fonctions cérébrales vitales chez les poissons étant affectées par les plastifiants utilisés dans de nombreuses industries », souligne Elisabeth Schirmer, auteure principale de l’étude. « Bien qu’ils ne se produisent pas immédiatement, ces dommages sont indéniables lorsque les cellules du cerveau sont exposées à de petites quantités de BPA ou de BPS pendant un mois. »

Qualifiant ces résultats de « clairs et alarmants », les chercheurs estiment qu’il est très probable que les effets de concentrations « pertinentes d’un point de vue environnemental » de plastifiants observés sur le cerveau mature des poissons soient similaires chez l’Homme.

« Les résultats observés dans le cadre de ces expériences sur le cerveau des poissons renforcent l’idée que le BPA et le BPS peuvent également endommager gravement le cerveau des sujets humains adultes », estime le Dr Peter Machnik, co-auteur de l’étude. « Dans ce contexte, il est essentiel que la science et l’industrie développent de nouveaux plastifiants ne présentant pas de danger pour la santé humaine pour remplacer ces bisphénols. »

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