À l’origine de Southern Bastards, on trouve un duo de rêve : Jason Latour et Jason Aaron. Le premier fait des merveilles chez Marvel en reprenant de grandes licences comme Wolverine et le second est à l’origine de Scalped, l’un des comics les plus remarqués de ces dernières années. Le résultat est un mélange explosif avec un style unique en son genre qui transporte le lecteur dans une petite ville de l’Alabama, au coeur des États du Sud. Véritable enfer sur Terre pour bien des personnages, le protagoniste se trouve forcé d’y retourner après avoir quitté la région il y a déjà longtemps.

 

Earl Tubbs retourne dans sa ville natale nichée dans le comté de Craw en Alabama, quarante ans après en être parti. Il a tout sauf envie d’y revenir, mais une obligation familiale le pousse à accepter. Son oncle étant parti en maison de retraite, il faut débarrasser son ancienne maison afin de la mettre en vente. Lorsque Earl arrive en ville, il se dit qu’il ne sera là que pour trois jours. Il reconnaît les environs, mais beaucoup de choses ont changé. Principalement, le nom d’un certain « Boss » est inscrit partout en ville. Il passe sa soirée à ranger les affaires de son oncle, à vider la maison et comme tout le monde, à s’arrêter de temps en temps pour regarder de vieux souvenirs.

 

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Après une nuit de sommeil, il va en ville dans le bar/diner des locaux pour manger et c’est là que l’ambiance déjà pesante devient malsaine et l’action violente. Après un premier combat entre coup de poing, armes à feu et coup de panier à frire, on comprend que notre protagoniste va passer largement plus de trois jours dans le comté de son enfance. Le lecteur se pose beaucoup de questions dès le début, notamment pour savoir qui est ce Boss dont tout le monde parle et pourquoi la ville est dans l’état où on la découvre. Rien n’est cependant dévoilé de façon directe et c’est petit à petit que l’on comprendra ce qu’il se trame réellement.

Le Boss en question n’est même pas visible dans le premier numéro et pourtant sa présence se fait sentir toutes les trois pages. On voit ce qu’il contrôle, c’est-à-dire à peu près tout dans la ville et c’est comme ça que l’on appréhende son entrée en scène. Pour ce qui est d’Earl, son passé et sa personnalité sont intelligemment construits et on comprend rapidement que, quelle que soit l’importance du Boss, Earl va lui donner du fil à retordre si leurs chemins se croisent. En réalité, le Boss est le coach de l’équipe de football du lycée. Si vous ne connaissez pas la culture du football américain dans les États du Sud, cela peut sembler étrange, mais le coach de l’équipe de football est certainement la personne la plus respectée et parfois la plus puissante de la ville.

 

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Le football est la deuxième religion de ces États et le coach Boss manipule son pouvoir avec autorité, se plaçant en véritable dictateur de la ville. Tout passe par lui et de nombreux détails, que ce soit dans la narration ou les dessins, nous le font comprendre dès le premier numéro. Le style unique de Southern Bastards convient parfaitement à ses thèmes et les planches alternent entre des fonds de couleurs vives et des scènes dessinées avec minutie où se cachent des dizaines de clins d’oeil et hommages à d’autres comics et à la culture du Sud des États-Unis. Non pas que l’on ait besoin de cela pour nous rappeler où l’action se déroule.

Les inscriptions sur les murs et les véhicules reflètent l’argot de l’Alabama, les habitants brandissent des fusils à tout bout de champ et les tenues vestimentaires ne laissent aucun doute quant au genre de personnages qui habitent le comté de Craw. Le Coach Boss est loin d’être le seul personnage complètement déjanté que vous croiserez dans le comics. Pour tout dire, quasiment tous les personnages sont fous à leur manière, Earl inclus. C’est justement ce qui fait le charme du comics. Un tas de personnages hors du commun et pourtant plus vrais que nature qui rentrent en conflit dans le fin fond de l’Alabama.

 

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Le duo de Latour et Aaron fonctionne à merveille. La narration est captivante et la direction artistique colle parfaitement à l’histoire et à son environnement. Une collaboration où les deux artistes se fondent complètement l’un dans l’autre au service de l’oeuvre. Avec toutes ses qualités, le comics n’est cependant pas pour tout le monde, avec un degré de violence inouïe et une pesanteur certaine tout au long du comics. Pour tous ceux qui veulent un comics de qualité, Southern Bastards est un choix idéal. Quelles autres oeuvres de Latour et Aaron avez-vous adorées ?

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