Au Brésil, où la demande est importante, les scientifiques testent cliniquement des pansements pour grands brûlés d’un nouveau genre : de la peau de tilapia, un poisson commun, directement appliquée sur la zone brûlée…

 

Le Brésil manque de peau pour ses brûlés

Le Brésil dispose de trois banques de peau. Mais selon le Dr. Edmar Marciel, chirurgien plastique et spécialiste des brûlures à la tête des tests cliniques, elles peinent à couvrir 1 % de la demande. La peau animale a souvent été utilisée dans les pays développés pour soigner les brûlures, mais le Brésil manque de peau humaine, de peau de porc et d’alternatives artificielles.

Pour le moment, les victimes sont donc soignées à l’aide de bandages et de sulfadiazine argentique en crème. L’argent limite le risque d’infection des blessures. Mais il ne permet pas le débridement des plaies et ne contribue pas vraiment à la guérison.

 

La découverte de l’utilité de la peau du tilapia

Le tilapia est un poisson largement élevé et consommé au Brésil. Mais jusqu’à présent, sa peau n’avait aucune valeur. Maciel souligne donc la surprise des scientifiques lorsqu’ils découvrirent que « les protéines de collagène de type 1 et 3, qui sont fondamentales pour la cicatrisation, étaient non seulement présentes en grande quantité dans la peau du tilapia, mais encore plus que dans la peau humaine ou n’importe quelle autre peau ». Il ajoute : « La peau de tilapia est également plus résistante que celle de l’homme et plus humide ».

 

Comment appliquer la peau de tilapia ?

Sur les patients atteints de brûlures superficielles au second degré, la peau est directement appliquée sur la blessure et y reste jusqu’à la cicatrisation. C’est là aussi un immense avantage sur la méthode gaze+crème argentique : il n’y a pas besoin de retirer les bandages chaque jour et de nettoyer les plaies, une torture redoutée…

Dans le cas de brûlures profondes au second degré, il faut tout de même changer la peau plusieurs fois au cours des semaines de guérison. Mais bien moins souvent qu’avec la gaze. Maciel précise également qu’avec la peau de tilapia, la cicatrisation est plus rapide et nécessite beaucoup moins de recourir à des médicaments.

 

Une solution pour le Brésil, mais pas seulement

Les États-Unis disposent de substituts de peau issus d’animaux. Mais les contrôles de la Food and Drugs Administration sont complexes. De plus, les groupes en faveur des droits des animaux font grimper les prix. Par ailleurs, le don de peau humaine est rare… La peau du tilapia pourrait donc bien être également utile aux États-Unis très rapidement.

D’autres pays pourraient être intéressés. La seule condition : disposer des appareils nécessaires pour préparer la peau et la stériliser. En effet, la peau du poisson subit tout un parcours médical. D’abord préparée par une équipe de chercheurs de l’université fédérale de Ceara, puis stérilisée de diverses manières par des techniciens du laboratoire, elle est ensuite envoyée à Sao Paolo pour y être radiée, afin d’éliminer les virus, avant d’être emballée et mise au frais, où elle peut ainsi être conservée pendant deux ans.

Fort de cette découverte, le Brésil mène également des études sur la peau humaine, de porc, de tilapia et de grenouille, dont ils comparent la composition et les coûts par rapport au traitement classique des brûlures. L’objectif : préparer des peaux à échelle industrielle et les utiliser communément dans le système de santé.

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